24.
Ecoutez, bien, mes frères, voici un marché. Tout ce que j’ai est à vendre, dit le Seigneur, achète-le. Qu’a-t-il à vendre? Il a un repos à vendre, achète-le par le travail. Ecoutez afin que nous soyons au nom du Christ des chrétiens courageux; il ne nous reste que très-peu de notre psaume, ne nous fatiguons point. Comment pourrait-il être courageux pour agir, celui qui s’attiédit à écouter ? Dieu m’aidera à vous expliquer le reste du psaume. Ecoutez comment Dieu a mis à l’encan le royaume des cieux. Combien vaut-il, lui diras-tu ? On l’achète par le travail: s’il te répondait qu’on l’achète avec de l’or, cela ne suffirait point: tu demanderais aussi combien d’or ; car il y a le grain d’or, l’once d’or, la livre d’or, et tout autre poids. Il te dit donc le prix, afin de t’épargner la fatigue de le chercher. Le prix de ce royaume, c’est le travail. Quel est ce travail ? Demande combien il te faut travailler ; car tu ne sais pas encore quel est ce travail, et combien tu dois travailler: Dieu te dit simplement : Je te fais voir quel est ce repos, juge de quel travail tu dois l’acheter. Que Dieu nous dise alors quel sera le repos. « Bienheureux ceux qui habitent votre maison, ils vous béniront ce dans les siècles des siècles1». Tel est donc le repos éternel; ce sera un repos sans fin, un bonheur sans fin, une allégresse sans fin, une incorruptibilité sans fin. De quel travail peut-on acheter un bonheur qui est sans fin? Si tu veux être juste dans la comparaison, si tu veux juger dans la vérité, un repos éternel doit être acheté par un travail éternel. Cela est vrai, mais ne crains point, Dieu est miséricordieux. Mais avec un travail éternel, tu n’arriverais jamais au repos éternel. Si tu travaillais sans fin, comment pourrais-tu arriver à ce repos éternel, qui mériterait qu’on l’achetât par un travail sans fin? Pèse bien les valeurs : un repos éternel vaut un travail éternel. Mais travailler toujours, c’est n’arriver jamais au repos. Si donc tu veux arriver à ce que tu achètes, il faut que ton travail ait une fin, non que le repos ne vaille pas un tel prix, mais afin que tu puisses posséder ce que tu as acheté. Un travail éternel devrait en être le prix; mais on ne saurait l’acheter que d’un travail passager. Assurément il fut bien un travail éternel pour un repos éternel. Qu’est-ce qu’un mil lion d’années dans le travail? Un million d’années passera; mais ce que je donnerai, dit le Seigneur, n’aura point de fin. Combien est grande la divine miséricorde! Elle ne dit pas mille années de travail; elle ne dit point cinq cents ans de travail, mais bien : travaille tant que tu vivras, peu d’années, et tu auras le repos, et le repos sans fin. Ecoute encore la suite : « Dans les maux sans nombre qui affligeaient mon coeur, vos paroles ont versé la consolation dans mon âme ».Tu travailles peu d’années, et ce labeur est entrecoupé par la joie, car il y a des consolations en cette vie, Toutefois ne mets point ta joie dans ce monde, réjouis-toi dans le Christ, réjouis-toi dans sa parole, réjouis-toi dans ses préceptes. Ces entretiens avec vous, cette parole que vous entendez, font partie de votre joie. Combien de consolations dès lors dans un travail si court! Elle est donc vraie, cette parole de l’Apôtre: « Nos tribulations actuelles, qui doivent ce passer et qui sont légères, préparent en nous, d’une manière incroyable et incomparable, un poids de gloire éternelle ». Voilà donc le prix que nous donnons à Dieu ! Quelques légumes grossiers pour des trésors éternels; les légumes du travail, pour un repos indicible d’après cette parole : « Voilà ce qui nous prépare d’une manière incomparable un poids de gloire éternelle ». Tu te réjouis dans le temps, mais n’y mets point la confiance : la vie a ses tristesses, ne désespère point. Ne te laisse ni corrompre par la prospérité, ni abattre par l’adversité : ne dis pas en toi-même : il est impossible que Dieu admette auprès de lui les méchants, quand il châtie les justes eux-mêmes afin de les sauver: puisqu’il ne châtie que pour redresser. « Si le juste à peine est sauvé, qu’arrivera-t-il à l’impie et au pécheur2? Y aura-t-il auprès « de vous un siège d’iniquité? » C’est-à-dire, les impies s’assiéront-ils auprès de vous, quand vous faites de la douleur un précepte, quand vous voulez exercer vos enfants par la douleur; afin de les instruire quand vous avez voulu leur donner des préceptes pour qu’ils ne fussent point sans crainte, qu’ils ne vinssent à aimer autre chose, et à vouloir vous oublier. Vous, leur véritable bien? Dieu est bon; et si, dans sa miséricorde, il ne mêlait quelque amertume aux félicités de cette vie, nous en arriverions à l’oublier.