9.
Mais tu crains peut-être les tentations, et à la hauteur de ces grâces de la divine promesse, tu redoutes les scandales du monde? Or, ces scandales ne te nuiront point, Dieu en a posé les bornes : « Car la mer est à lui ». Ce monde effectivement est une mer, et Dieu a fait la mer. Les flots ne peuvent pousser leur violence que jusqu’au rivage, où il leur a mis un terme. Viennent donc les tentations, viennent les tribulations, q u’elles consomment ta vertu sans te consumer. Vois si les tentations ne sont point utiles. Ecoute l’Apôtre « Dieu est fidèle, et ne vous laissera point tenter au-dessus de vos forces; mais il vous rendra la tentation avantageuse, afin que vous puissiez persévérer1». Il ne dit point: Il vous délivrera de toute tentation; car, refuser la tentation, c’est refuser la perfection. Dieu donc nous réforme par là; et s’il nous réforme, nous sommes entre les mains de l’ouvrier. Il retranche en nous, il redresse, il aplanit, il purifie; il agit en nous comme avec le fer; il y a des scandales ici-bas, mais toi, ne redoute que de tomber des mains du Créateur. Nulle tentation ne sera au-dessus de tes forces. Dieu le permet pour ton avantage, afin de stimuler tes progrès. Ecoute l’Apôtre, qui ajoute : « Dieu vous rendra la tentation avantageuse, afin que vous puissiez persévérer ». Craindrais-tu donc encore la mer? Sois sans crainte : « Puisque la mer est à Dieu, et qu’il en est le créateur ». Craindrais-tu les scandales des Gentils ? C’est Dieu aussi qui a fait les Gentils, et il ne leur permettra point de sévir plus que vos progrès rie le demandent. N’est-il pas dit dans un autre psaume: « Toutes « les nations que vous avez faites, viendront, « et se prosterneront devant vous, ô mon Dieu2? » Si toutes les nations que vous avez faites viendront, il est clair que toutes sont vos créatures. « La mer est à lui, puisqu’il l’a faite, et ses mains ont formé la terre qui est aride ». Sois une terre aride, aie soif de la grâce de Dieu, afin qu’une douce rosée descende en toi, et que Dieu y trouve des fruits. Il ne permettra point que les flots recouvrent ce qu’il a semé : « Et ses mains ont formé la terre , qui est aride ». Pour cela aussi offrons-lui des cantiques de joie