1.
Sévère , mon vénérable seigneur et frère 2, diffère encore notre joie au sujet du discours dont il nous est redevable, car il reconnaît lui-même qu’il nous le doit. Dans toutes les Eglises qu’il a visitées sur son passage, Dieu a répandu la joie par sa bouche. Celte Eglise a bien plus de droit à cette joie, puisque c’est d’elle que Dieu l’a tiré pour le rendre si utile aux autres. Que faire de mieux, que nous soumettre, à sa volonté? Toutefois, mes frères, je vous l’ai dit, il ne nous prive pas, il diffère seulement. C’est à vous à forcer ce débiteur, à ne point le laisser partir qu’il ne se soit acquitté. Que votre charité veuille bien écouter; j’exposerai ce qu’il plaira au Seigneur de m’inspirer sur notre psaume; vous le savez déjà, mais on se rappelle volontiers la vérité. Peut-être l’énoncé du titre a-t-il été pour plusieurs un sujet d’étonnement. Voici en effet le titre du psaume: « Quand on bâtissait la maison après la captivité». A l’énoncé de ce titre, vous cherchiez peut-être, dans le texte du psaume, quelles pierres on allait tailler des montagnes, quelles masses on allait traîner, quels fondements seraient jetés, quelles poutres préparées, quelles colonnes élevées, Or, le psaume n’en dit rien: et néanmoins, s’il parle d’un autre sujet, faudra-t-il croire ou qu’il n’est pas d’accord avec son litre, et qu’il annonce un sujet pour en chanter un autre? Et pourtant le sujet est le même, seulement il faut le comprendre. Il nous parle de la construction de l’édifice. Que toutes les pierres de cet édifice comprennent ce qu’elles ont chanté, car Dieu se bâtit un temple, mais non sur l’emplacement du temple de Salomon. Ce roi bâtit un temple au Seigneur1 , et vous savez ce que le Seigneur disait naguère de ce temple, quand ses disciples, qui en admiraient les pierres et les grandes proportions, lui en témoignaient leur étonnement et leur stupeur:
« Je vous le dis, en vérité, s’écria le Sauveur, su ne restera pas une pierre sur une pierre qui ne soit détruite2 ». Telle n’est point la maison qui s’élève aujourd’hui : car voyez qu’elle ne s’élève point en un endroit particulier, ni dans une partie du monde. C’est ainsi que commence le psaume