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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME XCVI.

2.

Voici le titre du psaume: « Pour David, lorsque sa terre a été rétablie1 ». Il faut rapporter le tout au Christ, si nous voulons saisir le véritable sens; ne nous écartons point de la pierre angulaire2, de peur que notre intelligence ne tombe en ruine; qu’en lui se consolide tout ce qui est mobile et chancelant, qu’en lui s’affermisse tout ce qui est incertain. Quelque doute que fassent naître dans notre esprit les saintes Ecritures, que l’homme ne s’éloigne pas du Christ, et s’il le découvre dans ses lectures, qu’il soit certain de les avoir comprises, et qu’il ne se persuade point qu’il les comprend, tant qu’il n’y rencontre pas le Christ, « qui est la fin de la loi pour justifier ceux qui croiront en lui3». Qu’est-ce à dire, et comment appliquer au Christ cette parole : « Quand sa terre fut rétablie? » On comprend aisément que David ici désigne le Christ, puisque le Christ est né de Marie dans la famille de David, et coin me il devait naître dans la postérité de David, ce nom servait à le désigner en figure. Ainsi donc David c’est le Christ, et David signifie la main puissante; or, quelle main est plus puissante que celle qui, de la croix, vainquit le monde? Car après la résurrection et l’Ascension du Sauveur, quand les Apôtres reçurent le Saint-Esprit et parlèrent diverses langues4, ceux qui avaient crucifié le Sauveur s’émurent, et demandèrent un conseil de salut, qu’ils reçurent, et embrassèrent la foi. Et Dieu leur pardonna le sang de son Christ qu’ils avaient répandu, et ils burent ce sang du Christ; de persécuteurs, ils devinrent ses fidèles; ils crurent en celui qu’ils avaient crucifié, et voulurent avoir pour chef, pour tête, celui devant qui ils avaient branlé la tête5 avec tant d’insolence. C’est ainsi que « sa terre fut rétablie», selon le titre du psaume. Cette terre était la Judée; or, la Judée avait péri entièrement quand les Juifs crucifièrent leur Seigneur; frénétiques ignorants, ils sévirent contre le médecin, repoussant follement leur salut. La Judée avait donc péri totalement comment totalement? Les Apôtres eux-mêmes furent ébranlés; Pierre qui suivait son maître avec un amour audacieux, le renia trois fois avec une crainte excessive6. Après sa résurrection, Notre-Seigneur Jésus-Christ trouve quelques-uns d’entre eux qui parlent de lui en voyageant, et quand il leur demande le sujet de leur entretien, ils vont jusqu’à lui dire : « Etes-vous donc le seul étranger à Jérusalem pour ignorer ce qui vient de s’y passer en ces jours? Et il leur dit : Quoi donc? Touchant Jésus de Nazareth, ce prophète puissant en oeuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple; et comme les princes des prêtres et nos magistrats l’ont livré pour être condamné à la mort et l’ont crucifié. Or, nous espérions qu’il délivrerait Israël7». Ils n’avaient déjà plus d’espérance en lui; ils ne disent point : Nous espérons qu’il rachètera Israël; mais: « Nous espérions qu’il rachèterait Israël ». Il était avec eux, mais eux n’espéraient pas en lui. Il se montre à eux, il se fait voir aux autres disciples; on le voit, on le touche, ceux qui le croyaient mort le rencontrent ; la foi de ceux qui étaient tombés se releva, « et sa terre fut rétablie ». Après avoir passé quarante jours avec eus, il s’élève au ciel8; et, comme je l’ai dit tout à l’heure, il envoie le Saint-Esprit à ses disciples, qui naguère ignorants, parlent maintenant toutes les langues. Alors tous ceux pour qui le Christ n’avait pas dit inutilement: « Mon Père, pardonnez-leur, ils ne savent ce qu’ils font9 », furent touchés, disions-nous encore, et demandèrent le salut, et on leur conseilla de croire en lui. Trois mille embrassèrent la foi en un seul jour, et cinq mille en un autre10. Alors le Christ vit surgir une Eglise fervente, dans ces mêmes lieux où l’effervescence l’avait couvert d’opprobre, « et sa terre fut restituée». Mais comme il avait dit: « J’ai d’autres brebis, qui ne sont point de ce bercail, et il me faut les appeler, afin qu’il n’y ait qu’un seul bercail et un seul pasteur11»; il envoya ses Apôtres chez les Gentils auxquels il n’avait pas envoyé les Prophètes. Ils allèrent chercher ceux qui ne cherchaient point, et trouvèrent ceux qui n’espéraient rien. Ils n’avaient aucune promesse, et ils trouvèrent un Dieu Sauveur. Quant aux Juifs, ils avaient les promesses de Dieu, par les Prophètes, qui leur avaient annoncé le Christ, prêché le Christ, et sous leurs yeux ne le reconnurent point. Aux Gentils, au contraire, nulle promesse n’avait été faite : mais les Prophètes avaient parlé de conversion. Nulle parole ne leur avait été adressée, mais ou avait parlé d’eux. Les Apôtres leur furent envoyés, et vous avez entendu ce que Dieu fit pour eux; la lecture des Actes des Apôtres vous a fait connaître comment le centenier Corneille embrassa la foi. Ce centenier n’était point juif de nation. Il priait, il jeûnait, il faisait des aumônes. Dieu ne l’abandonna point, bien qu’il appartint aux peuples idolâtres; mais un ange lui fut envoyé pour lui annoncer que ses aumônes et ses oraisons étaient agréables à Dieu. Il crut, après avoir appelé Pierre chez lui12. L’ange ne pouvait-il pas l’instruire? Pierre lui fut envoyé, afin qu’un homme fît naître en lui une foi plus parfaite, et lui montrât que Dieu a daigné visiter les hommes, et qu’il daigne bien nous instruire par les hommes, lui qui a bien voulu se faire homme. C’est ainsi que « sa terre a été rétablie », quand une muraille est venue des Juifs, et une autre muraille des Gentils : et qu’il a été lui-même la pierre angulaire reliant ces murailles qui venaient de directions différentes13.


  1. Ps. XCVI, 1. ↩

  2. Ephés. II, 20. ↩

  3. Rom. X, 4.  ↩

  4. Act. II, 4, 37 .  ↩

  5. Matth. XXVII, 39.  ↩

  6. Id. XXVI, 70. ↩

  7. Luc, XXIV, 18-21.  ↩

  8. Act. I, 3,9.  ↩

  9. Luc, XXIII, 31.  ↩

  10. Act. II, 4,1; IV, 4.  ↩

  11. Jean, X, 16. ↩

  12. Act. X.  ↩

  13. Ephés. II, 20. ↩

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