11.
Redoublons d’attention , mes frères, et voyez quels saints le Prophète nous désigne, et quelle est leur sainteté. « Ils gardaient ses témoignages , et les préceptes qu’il leur a donnés ». Assurément ils gardaient ces préceptes, comprenez-le bien. « Ils gardaient ses témoignages, et les préceptes qu’il leur a donnés ». Voilà ce que dit le Prophète, et ce qu’on ne peut nier. Mais n’avaient-ils aucun péché? Comment cela? Puisqu’ils gardaient ses préceptes, ils gardaient aussi ses témoignages. Voyez quelle disposition exige de nous le Prophète, afin que nous ne présumions point que notre justice est parfaite. Voilà Moïse et Aaron parmi ses prêtres, Samuel parmi ceux qui invoquent son nom. C’est à eux qu’il parlait de cette colonne de nuée, c’est d’eux qu’il exauçait la prière, parce qu’ils gardaient ses témoignages, et les préceptes qu’il leur avait donnés. « Seigneur», dit ensuite le Prophète, « Seigneur, notre Dieu, vous les avez exaucés. O Dieu, vous leur avez été propice ». Or, on ne dit point de Dieu qu’il soit propice, sinon quand il s’agit de péchés; en accorder le pardon, voilà ce qu’on appelle être propice. Mais que pouvait. il trouver à venger en eux, pour se montrer propice en le leur pardonnant? Dieu leur était propice par le pardon, et propice encore par le châtiment. Que dit en effet la suite? « Vous leur avez été propice, même en tirant vengeance de leur affection ». Jusqu’à cette vengeance leur était propice : c’était bonté de votre part, non-seulement de leur pardonner leurs fautes, mais encore de les châtier. Voyez, mes frères, ce que veut dire ici le Prophète; remarquez bien. C’est le propre de la colère de Dieu de ne point châtier le pécheur. Pour l’homme, en effet, qui jouit de ses faveurs, non-seulement il lui pardonne ses fautes qui lui seraient nuisibles pour la vie éternelle, mais il l’en châtie de peur qu’il ne mette à jamais son bonheur dans le péché.