9.
Mais comment le chrétien pourrait-il se séparer, pour ne pas vivre parmi les faux frères? Où ira-t-il? Que fera-t il? Dans la solitude? Les scandales l’y suivront. Celui qui avance dans la vertu, doit-il se séparer de manière à ne plus supporter les hommes? Et qu’arriverait-il, si nul ne le supportait lui-même avant ses progrès? Si donc les progrès qu il fait l’empêchent de supporter personne, par là même qu’il ne veut point souffrir les autres, il est convaincu de n’avoir fait aucun progrès. Que votre charité veuille bien écouter. «Supportez-vous mutuellement », dit l’Apôtre, « dans la charité, vous efforçant de conserver l’union des coeurs dans les liens de la paix1». « Supportez-vous mutuellement » n’as-tu donc rien qu’un autre doive supporter? Tu m’étonnerais, si tu n’avais rien; mais admettons qu’il n’y ait rien en toi, tu es d’autant plus fort pour supporter les autres, que les autres n’ont rien à supporter de ta part. Si tu ne fais rien supporter, supporte les autres. Je ne saurais, diras-tu. Donc tu as en toi quelque chose que l’on doit supporter. « Supportez-vous mutuellement dans la charité ». Tu abandonnes le genre humain, tu te sépares afin que nul ne te voie; à qui seras-tu utile? En serais-tu arrivé là, si nul ne t’avait aidé? Parce que tu crois avoir le pied assez agile pour passer le fleuve, vas-tu couper le pont? C’est vous tous que j’exhorte, mes frères, c’est la voix de Dieu qui vous exhorte: « Supportez-vous mutuellement dans la charité ».
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Ephés. IV, 2, 3. ↩