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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CI.
PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME CI.

8.

Mais pourquoi nous étendre à ce sujet? Jetons les yeux sur le maître, et voyons si ce n’est pas lui, s’il ne nous apparaîtra pas mieux dans le pélican au désert, le hibou dans les masures, le passereau solitaire sur un toit. Qu’il nous parle, ce pauvre qui est notre chef; que ce pauvre de gré parle aux pauvres de nécessité. Disons tout ce que l’on a dit ou dont au sujet de cet oiseau, c’est-à-dire du pélican ; n’affirmons rien avec témérité, mais n’omettons rien de ce qu’ont voulu dire et faire lire ceux qui en ont écrit. Pour vous, écoutez de manière à vous y arrêter, si cela est vrai; à le laisser, s’il est faux. On dit que ces oiseaux frappent leurs petits à coups de bec, et après es avoir tués, les pleurent dans leur nid pendant trois jours, que la mère se fait une large blessure, et arrose ses petits de son sang qui les rend à la vie. Est-ce vrai, est-ce faux? Si cela est vrai, voyons le rapport de celte figure avec ce qu’a fait pour nous Celui qui nous n rendu la vie par son sang. Ce rapport consiste en ce que c’est la mère qui donna la vie à ses petits par son sang. Cela est évident ; et lui-même s’est comparé à une poule qui échauffe ses poussins « Jérusalem, Jérusalem, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu ne l’as point voulu1 ? » Le Christ en effet a toute l’autorité d’un père, et toute la tendresse d’une mère ; de même que Paul il est père, il est mère ; non par lui-même sans doute, mais par l’Evangile : père, quand il nous dit : « Eussiez-vous dix mille maîtres en Jésus-Christ, vous n’avez pas néanmoins beaucoup de pères, c’est moi qui vous ai engendrés à Jésus-Christ par l’Evangile2 »; mère, quand il dit : « Mes petits enfants, que j’enfante de nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous3 ». Si donc ce que l’on dit du pélican est véritable, il a une grande ressemblance avec la chair du Christ, dont le sang nous a donné la vie. Mais quelle ressemblance y a-t-il avec Jésus-Christ, à tuer ses enfants? Pourtant cela n’est-il pas d’accord avec cette parole : « Je donnerai la mort, et je donnerai la vie; je frapperai et je guérirai4? » Saul le persécuteur fût-il mort, s’il n’eût été frappé du haut du ciel5; et se serait-il relevé prédicateur, s’il n’eût été vivifié par le sang du Christ ? Toutefois c’est l’affaire de ceux qui ont écrit ces choses, et nous ne devons pas baser nos interprétations sur l’incertitude. Voyons plutôt cet oiseau dans la solitude : c’est là que notre psaume l’a placé : « Le pélican dans la solitude ». Je crois qu’il nous désigne ici le Christ né d’une vierge. Il est en effet le seul de là vient la solitude ; il est né dans la solitude, parce que seul il est né de cette manière. Après sa naissance vient sa passion. Qui l’a crucifié? Ceux qui se tenaient debout? Ceux qui pleuraient? On peut donc dire que ce fut pendant la nuit de l’ignorance, et comme dans les masures de leurs propres ruines.

C’est là le hibou qui habite les masures, qui aime la nuit. S’il ne les aimait, comment dirait-il : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font6? » Né dans la solitude, parce que seul il est né de cette manière, il a souffert de la part des Juifs, dans leurs ténèbres, c’était la nuit; dans leur prévarication, c’était leur ruine. Qu’est-il arrivé ensuite? « Je me suis éveillé ». Vous aviez donc dormi dans les murailles, et vous aviez dit: « J’ai dormi ». Qu’est-ce à dire « j’ai dormi? » J’ai dormi parce que je l’ai voulu ; j’ai dormi parce que j’aimais la nuit mais il dit aussitôt : « Et je me suis levé7 ». Donc là aussi « j’ai veillé ». Mais après avoir veillé, qu’a-t-il fait? Il est monté aux cieux, et dans son vol ou dans son ascension, il a été « semblable au passereau, seul sur un toit», c’est-à-dire dans le ciel. Il est donc le pélican dans sa naissance, le hibou dans sa mort, le passereau dans sa résurrection : dans l’une il est solitaire, puisqu’il est unique; dans l’autre il est dans les ruines, puisqu’il est mis à mort par ceux qui ne pouvaient se tenir debout; enfin dans la dernière il s’éveille, prend son vol par-dessus les toits, et intercède pour nous8. Ce passereau est notre chef, la tourterelle est son corps. « Car le passereau a trouvé une demeure pour lui ». Quelle demeure ? Il est dans le ciel, intercédant pour nous. « La tourterelle qui se trouve un nid où reposer ses petits9 », c’est l’Eglise qui se compose des bois de la croix un nid pour ses enfants. « Je me suis éveillé, et j’étais comme le passereau solitaire sur un toit ».


  1. Matth. XXIII, 57.  ↩

  2. I Cor. IV, 15.  ↩

  3. Gal. IV, 19.  ↩

  4. Deut. XXXII, 39.  ↩

  5. Act. IX, 4. ↩

  6. Luc, XXIII, 34. ↩

  7. Ps. III, 6. ↩

  8. Rom. VIII, 34. ↩

  9. Ps. LXXXIII, 4.  ↩

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