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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CI.
DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CI.

10.

Les hérétiques n’ont donc point à s’applaudir contre moi, parce que j’ai parlé de « la brièveté de mes jours », comme si je ne devais point subsister jusqu’à la fin des siècles. Qu’ajoute le Prophète? « Ne me rappelez point au milieu de mes jours1 ». N’agissez point avec moi, selon les prétentions des hérétiques. Conduisez-moi, non point au milieu de mes jours, mais jusqu’à la fin des siècles, dispensez-moi ces jours rapides, mais de manière à me donner ensuite les jours éternels. Pourquoi donc cette inquiétude au sujet des jours si rapides? Pourquoi? veux-tu l’entendre? « Vos années sont de génération en génération ». Si je vous supplie au sujet de mes jours si restreints, c’est que ces jours, bien. qu’ils doivent durer jusqu’à la fin des siècles, ne sont rien en comparaison de vos jours: « Vos années sont de génération en génération ». Pourquoi ne dit-il pas: Vos années remplissent les siècles des siècles, puisque telle est la manière de désigner l’éternité dans les saintes Ecritures; pourquoi dire : « Vos années sont de génération en génération? » Mais quelles sont « vos années», ô mon Dieu? Oui, quelles sont vos années, sinon celles qui ne viennent point, qui ne passent point? Quelles années, sinon celles qui ne viennent point, afin précisément de ne point passer? Tout jour de cette vie ne vient que pour n’être plus; ainsi des heures, ainsi des mois, ainsi des années,rien ne demeure;avant qu’il soit venu, chaque moment n’était pas; est-il une fois venu qu’il n’est déjà plus. Vos années, Seigneur, sont donc des années éternelles, des années qui ne changent point, mais qui seront « de génération en génération2 ». Il y a une certaine génération des générations, c’est en elle que seront vos années. Quelle est-elle? Elle existe, et si nous la connaissons bien, c’est en elle que nous devons être, et les années de Dieu seront en nous. Comment seront-elles en nous? Comme Dieu lui-même sera en nous selon cette parole : « Afin que Dieu soit tout en tous ». Car les années de Dieu ne sont autres que lui-même: or, ces années sont l’éternité de Dieu ; et l’éternité de Dieu, c’est la substance de Dieu jui n’a rien de changeant; en lui il n’y a rien de ce passé qui ne serait déjà pins, ni de cet avenir qui ne serait point encore, il n’y a en lui rien autre que Il est; il n’y a ni Il fut, ni Il sera; car ce qui fut n’est plus, ce qui sera n’est point encore: mais en Dieu tout Est. C’est avec raison qu’il envoya autrefois son serviteur Moïse avec cette parole. Moïse demanda le nom de celui qui l’envoyait ; il le demanda et l’entendit, car le Seigneur ne frustra point ce désir pieux, qui ne venait point d’une curieuse présomption, mais de la nécessité d’accomplir un ministère. «Que répondrai-je», dit-il, «aux fils d’Israël, s’ils me disent : Qui t’a envoyé vers nous3? » Et alors s’inclinant vers sa créature, lui Créateur, lui Dieu vers l’homme, lui immortel vers celui qui est mortel, lui éternel vers celui qui est du temps: « Je suis», dit-il, « celui qui suis4 ». Pour toi, tu dirais C’est moi. Qui? Gaïus; un autre : Lucius; un autre: Marc. Pourrais-tu dire autre chose que ton nom? Voilà ce que Moïse attendait de Dieu, ce qu’il lui avait demandé. Quel est votre nom? Que répondre à ceux qui me demanderont par qui je suis envoyé? « Je suis».

Qui? « Celui qui suis ». Est-ce donc là votre nom ? Est-ce là tout? Et serait-ce là bien votre nom, si tout ce qui existe n’est véritablement pas dès qu’on le compare à vous? Ceci est votre nom, exprimez-le mieux encore : « Allez», dit le Seigneur, « et dites aux enfants d’Israël : Celui qui est m’a envoyé vers vous. Je suis celui qui suis; celui qui est m’a envoyé vers vous». « Etre», grandeur ! « Etre », sublime expression! Après cela, qu’est-ce que l’homme ? En face de ce grand « Etre », qu’est-ce que l’homme dans tout son être? Qui comprendra cet «Etre» sublime ? Qui pourra y avoir part? Qui pourra le désirer? y aspirer ? Qui pourra se promettre d’y arriver un jour? Ne désespère point, ô homme, ô faible créature. « Je suis »,dit-il, «le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob5 ». Tu as entendu ce que je suis en moi-même, écoute ce que je suis pour toi. Telle est donc l’éternité qui vous appelle, et le Verbe est sorti de l’éternité. Voilà déjà l’éternité, voilà déjà le Verbe, et le temps n’est-il point encore? Pourquoi le temps n’est-il pas? Parce que le temps même a été fait. Comment le temps a-t-il été fait? « Tout a été fait par lui, et sans lui rien n’a été fait6 » O Verbe, avant le temps ! Verbe, par qui les temps ont été faits! Verbe, qui êtes la vie éternelle, qui appelez à vous les hommes du temps pour leur donner l’éternité ! Telle est la génération des générations: une génération s’en va, une autre génération vient7. Il en est des hommes comme des feuilles d’un arbre, feuilles de l’olivier, du laurier, ou de tout arbre qui conserve toujours son manteau de verdure. Ainsi la terre porte les hommes, comme un de ces arbres porte des feuilles; elle est couverte d’hommes dont les uns meurent, dont les autres naissent pour leur succéder. L’arbre a toujours sa robe éclatante de verdure; mais vois au-dessous combien de feuilles sèches tu foules aux pieds.


  1. Ps. CI, 25. ↩

  2. I Cor. XV, 28.  ↩

  3. Exod. III, 13.  ↩

  4. Id. 14. ↩

  5. Exod. III, 15. ↩

  6. Jean, I, 3. ↩

  7. Eccl. I, 4. ↩

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