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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CII.

6.

« C’est lui qui délivre ta vie de toute corruption ». Guérir tes langueurs, c’est là racheter ta vie de toute corruption. « Car le corps corruptible appesantit l’âme1 ». Dans ce corps de corruption l’âme a donc une vie. Quelle vie? Elle est sous le fardeau , elle en soutient le poids. Qu’un homme veuille penser à Dieu, comme il doit le faire, combien d’obstacles va-t-il rencontrer, et qui semblent venir de cette corruption de la chair ! Combien d’empêchements viennent le distraire, le détourner de cette application sainte ! Combien de dissipations! Quelle foule de fantômes! Quelles suggestions innombrables! Tout cela sort du coeur de l’homme, comme des vers d’un cadavre en pourriture. Nous avons dépeint la maladie, bénissons le médecin. Ne peut-il donc te guérir, celui qui t’a fait tel, qu’en gardant avec fidélité les lois de santé qu’il t’avait données, tu n’eusses point connu la maladie? Ne t’avait-il point prescrit par un précepte ce qu’il fallait toucher ou respecter, pour avoir la santé durable2? Indocile à écouter ce qu’il fallait faire pour la conserver, écoute au moins ce qui peut la recouvrer. Ta maladie t’a montré toute la vérité du précepte, Que l’expérience apprenne enfin à l’homme à écouter les avis qu’il a négligés. Quel endurcissement ne céderait à l’expérience? Ne pourra-t-il donc te guérir, celui qui t’a fait tel, que tu n’eusses jamais éprouvé de maladie, si tu avais voulu suivre ses préceptes’? Ne pourra-t-il te guérir, celui qui a fait les anges, qui en te réformant te fera l’égal des anges ? Ne pourra-t-il guérir l’homme fait à son image, celui qui a fait le ciel et la terre? Il te guérira, mais à la condition que tu voudras être guéri. Il guérit tout malade, mais non malgré le malade. Quel bonheur est-plus grand que le tien, puisque tu as en quelque sorte sous la main et à ton gré la guérison complète? Si tu ambitionnais quelque poste d’honneur ici-bas, un commandement, un consulat, une préfecture, prétendrais-tu les obtenir aussitôt que tu le voudrais? Ce pouvoir suivrait-il aussitôt ta volonté? Beaucoup y aspirèrent sans pouvoir y arriver: et quand- même ils y seraient arrivés, qu’est-ce que l’honneur pour des malades? Qui n’est point malade en cette vie? Qui n’y traîne une vie de langueur? Naître dans un corps mortel, c’est commencer une maladie. Nos nécessités journalières ont besoin de secours journaliers, et ce qui répare chaque jour nos forces, ne paraît être qu’un médicament de chaque jour. La faim ne t’emporterait-elle point, si tu n’y apportais le remède qui la guérit? N’en serait-il pas de même de la soif, si tu ne buvais, non pour l’étancher complètement, mais pour la proroger? Après un adoucissement, elle reviendra. Ces remèdes adoucissent donc ce qu’il y a d’accablant dans nos misères. Etre debout vous lasse, vous asseoir vous délasse: vous asseoir est donc un remède à votre lassitude; mais ce remède vous fatigue à son tour, car vous ne pouvez tenir continuellement assis. Donc tout remède à une fatigue devient un commencement de fatigue. Pourquoi donc, ô malade, convoiter ces honneurs? Pense d’abord à ta santé. Qu’un homme souffre chez lui, sur son lit, d’une maladie que tout le monde connaît; il est vrai que celles dont nous parlons, sont connues, bien que les hommes ne les veuillent point voir de près; qu’un homme, dis-je, souffre d’une maladie qui fait recourir aux médecins, le voilà chez lui, brûlé de fièvre dans son lit. Qu’il veuille s’occuper de ses affaires domestiques, donner des ordres dans sa maison, dans ses terres, y mettre de l’ordre, aussitôt un murmure d’inquiétude s’élève et court parmi les siens, on le détourne de toute occupation ; laissez là tous ces soins, lui dit-on, pensez à votre santé. Tel est le langage que l’on te tient, ô homme: si tu n’es point malade, pense à autre chose; si tu es malade, pense à ta santé; mais la santé, c’est le Christ, pense donc au Christ. Prends le calice du salut, de « Celui qui guérit tes langueurs ». Telle est la santé que tu obtiendras à ton gré. En vain tu convoiteras les honneurs et les richesses, tu ne les posséderas point aussitôt que tu les auras désirés; mais cette santé qui est plus précieuse suivra tes désirs. « C’est lui qui guérit toutes tes blessures, qui épargne à ta vie la corruption ». Ta langueur sera guérie quand cette chair corruptible sera revêtue d’incorruption. Notre vie, en effet, est rachetée d’e la corruption; Sois dès lors en toute sécurité : le contrat est fait de bonne foi; on ne saurait ni tromper, ni circonvenir celui qui t’a racheté, ni peser sur lui. Il a passé le contrat, il en a versé le prix avec son sang. Oui, dis-je, le Fils de Dieu a versé son sang pour nous: ô mon âme, sois-en fière, voilà ton prix. « Il a racheté ta vie de la corruption ». Il a montré dans son exemple ce qu’il t’a promis en récompense. Il est mort à cause de nos péchés, il est ressuscité pour notre justification . Que les membres espèrent- pour eux ce qu’ils ont vu dans leur chef. Bien n’aura-t-il pas soin des membres, quand il élève la tête jusqu’au ciel? Donc, « il a racheté notre vie de la corruption ». 3


  1. Sag. IX, 15. ↩

  2. Gen. II, 16, 17. ↩

  3. Rom. IV, 25. ↩

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