19.
Mais qu’a fait Dieu, puisqu’il ne nous a point traités selon nos offenses? « Autant l’Orient est éloigné du couchant, autant il a éloigné de nous nos péchés ». Autant le ciel couvre la terre, autant Dieu a confirmé sa miséricorde sur nous. Nous avons expliqué ce passage dans le sens d’une protection. Comment maintenant « a-t-il éloigné de nous nos péchés, autant que l’Orient est éloigné du Couchant?1 » Ils le savent, ceux qui connaissent les sacrements; j’en dirai néanmoins ce que chacun peut entendre. La rémission des péchés, c’est pour ces péchés l’Occident, et l’Orient pour la grâce. Tes péchés sont en quelque sorte à leur couchant, quand la grâce qui te délivre est à son lever. « La vérité s’est levée de la terre2 ». Qu’est-ce à dire que « la vérité s’est levée de la terre? » Que la grâce est née en toi, que tes péchés meurent, et que tu es en quelque sorte renouvelé. Tu dois donc tourner tes regards vers l’Orient, et les détourner du Couchant. Détourne-les du péché, et tourne-les vers la grâce de Dieu; car leur mort est pour toi une résurrection et un progrès. Mais cette partie du ciel qui se lève, ira aussi vers son couchant. Aussi les comparaisons ne peuvent-elles être bustes dans tous les sens, ni embrasser trait pour trait ce qu’on veut représenter. Il en est ici comme de l’aigle et de la lune dont nous avons parlé. Une partie du ciel se couche, l’autre partie se lève : mais la partie qui se lève devra se coucher à son tour après douze heures. Il n’en est pas ainsi de la grâce qui se lève pour nous, non plus que de nos péchés qui se couchent pour jamais, tandis que la grâce demeure à jamais aussi.