15.
« Il fait des esprits ses messagers, et de ses ministres des feux ardents1 ». Et cela, bien que nous ne voyions pas les anges: leur présence est dérobée à nos yeux; ils sont les citoyens de cette grande république dont Dieu est le chef. Toutefois nous savons par la foi qu’il y a des anges, et par l’Ecriture qu’ils ont apparu à plusieurs. Nous en sommes certains, et le doute ne nous est pas permis. Or, les anges sont des esprits ; mais ils ne sont point des anges par cela même qu’ils sont des esprits; ils ne le deviennent que quand ils sont envoyés; car le nom d’ange désigne un ministère, et non une nature. Tu cherches le nom de cette nature, c’est celui d’esprits; le nom de leur ministère, c’est celui d’anges. Exister, pour eux, c’est être esprits; agir, c’est devenir anges. Voyez en effet dans ce genre humain: homme est le nom de la nature; soldat un nom d’office: homme est le nom qui convient à la nature; héraut celui qui convient à son ministère : c’est-à-dire que celui qui est homme, devient un héraut, mais de héraut on ne devient pas homme. Il en est de même de ces esprits que Dieu créa dès le commencement du monde; il en fait des anges en les envoyant porter ses ordres, et ses ministres sont des feux ardents. Nous lisons en effet qu’il apparut dans un buisson ardent2, et nous lisons encore qu’il fit tomber du ciel un feu qui exécuta ses volontés. Il fut donc sou ministre en accomplissant ses ordres. Etre feu, c’était là sa nature, accomplir des ordres, c’était pour lui un ministère. On peut donc à la lettre entendre ces paroles des créatures.