18.
Que trouvons-nous ensuite? « Les hautes montagnes sont pour les cerfs1 ». Ces grands cerfs désignent les hommes spirituels, qui franchissent dans leur course les épines et les broussailles des forêts. « C’est Dieu», dit le Prophète, « qui a rendu mes pieds légers comme ceux du cerf, qui m’a établi sur les hauts lieux2 ». Qu’ils se tiennent sur les montagnes escarpées, sur les préceptes les plus relevés du Seigneur, qu’ils en méditent les profondeurs, qu’ils se tiennent sur les hauteurs des saintes Ecritures, qu’ils acquièrent la perfection dans ses cimes audacieuses; les hauteurs sont pour les cerfs. Mais que deviendront les animaux inférieurs ? les lièvres, les hérissons? Le lièvre est un animal petit et faible, le hérisson est couvert d’épines: l’un est donc un animal timide, l’autre un animal épineux. Que signifient les épines, sinon le péché? Quiconque tombe chaque jour dans le péché, ces péchés fussent-ils très-légers, est dès lors couvert de petites épines. S’il craint, c’est un lièvre; s’il est couvert de péchés légers, c’est un hérisson; et dès lors il ne peut se tenir ferme dans les préceptes d’une sublime perfection. Car ces hauteurs sont pour les cerfs. Ces faibles périssent-ils pour cela? Non; voici ce qui suit : « La pierre est le refuge des hérissons et des lièvres ». Car le Seigneur est un refuge pour le pauvre3. Mettez ce rocher sur la terre, il sera le refuge des hérissons et des lièvres : mettez-le dans la mer, il sera l’asile de la foulque. Il est donc partout avantageux; il est utile sur les montagnes, qui tomberaient dans l’abîme si elles n’étaient soutenues par les rochers qui en sont la base. N’est-il pas dit à propos des montagnes : « C’est là qu’habiteront les oiseaux du ciel, qui feront entendre leurs voix du milieu des pierres4 ? » Partout donc la pierre est pour nous un refuge, qu’on la mette soit sur les montagnes, soit dans la mer où elle est battue, mais non brisée par les flots, soit sur la terre qu’elle affermit : elle est l’asile des cerfs, l’asile des foulques, l’asile des lièvres et des hérissons. Que les lièvres se battent la poitrine, que les hérissons confessent leurs péchés: bien qu’ils se recouvrent chaque jour de fautes légères, la pierre ne leur manquera point pour leur apprendre à dire : « Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons à ceux qui nous doivent5. Le rocher est le refuge des hérissons et des lièvres ».