21.
Mais ce soleil, disons-le en toute sécurité, ce soleil de justice ne se lève point pour les impies, et ce n’est pas sans raison, quand même ils le voudraient. Car la Sagesse a dit : « Les méchants me chercheront et ne me trouveront point». Ils la chercheront donc, mais sans la trouver, et pourquoi? « Parce qu’ils haïssent la sagesse ». C’est la Sagesse elle-même qui nous parle et qui nous dit: « Les méchants me chercheront et ne me trouveront point, parce qu’ils haïssent la sagesse1». Pourquoi la chercher, s’ils la haïssent? Ils la cherchent, non pour lui obéir, mais pour s’en prévaloir; ils la cherchent eu paroles, et la fuient dans leurs moeurs. « Car l’Esprit-Saint qui donne la science, fuit le déguisement, et se retire des pensées qui « sont sans intelligence2 ». Ce soleil se lève donc sur les bons, mais non suries méchants. Qu’est-il dit au contraire du soleil qui luit à nos yeux? « Que Dieu le fait lever sur les bons comme sur les méchants3 ». Notre psaume dès lors nous donne je ne sais quel sens mystérieux, à propos du soleil de justice, car nous voyons aussi bien dans toutes les créatures s’accomplir même visiblement, ce qui nous est dit ici : « Le soleil connaît son coucher ». Qu’est-ce à dire qu’ « il connaît son coucher? » Le Christ connaît ce qu’il doit souffrir, car son coucher c’est sa passion. Mais ce soleil se couche-t-il donc pour ne plus se lever? « Celui qui dort ne doit-il donc point s’éveiller4? » Ne dit il pas lui-même qu’ « il a dormi tout troublé ? » Et qu’est-il dit de lui? « O Dieu, élevez-vous par-dessus les cieux5 ». Donc « le soleil a connu son coucher ». Mais qu’est-ce à dire, « l’a connu? » Il lui a plu, il lui a été agréable. Comment prouver qu’il a connu ce coucher, et qu’il lui a plu? Qu’y a-t-il que Dieu ne connaisse? Et pourtant, au dernier jour, il doit dire à quelques-uns: « Je ne vous connais point6 ». De même alors que dans ce dernier cas: «Je ne vous connais point», signifie vous ne me plaisez point, et non, vous m’êtes inconnus; de même ici, «connaître son coucher », c’est y mettre ses complaisances; s’il n’eût en effet agréé sa passion, comment eût-il pu l’endurer? Un homme n’est point ce divin soleil, et voilà pourquoi il souffre, quand même il ne voudrait pas souffrir. Mais le Christ ne souffrirait point, s’il ne lui plaisait de souffrir, c’est-à-dire qu’il ne se fût point couché, s’il n’eût d’abord connu son couchant. C’est ce qu’il dit lui-même: « J’ai le pouvoir de donner ma vie, et le pouvoir de la reprendre; nul ne m’ôte la vie, mais je la donne de moi-même7 ». Le soleil donc « connaît son coucher ».