22.
« Ils regardèrent comme rien cette terre si estimable1». L’avaient-ils déjà vue? Comment donc n’avoir aucune estime pour cet héritage qu’ils n’avaient pas vu, sinon comme il est dit ensuite, parce qu’ « ils n’avaient point cru en ses paroles?» Assurément, si Dieu n’eût fait un grand symbole de cette terre d’où s’épanchaient le lait et le miel2, sacrement visible qui conduisait à la grâce invisible ou au royaume des cieux ceux qui comprenaient ces merveilles, le Prophète ne ferait pas un crime aux autres d’avoir méprisé cette terre, puisque nous regardons comme un néant tout royaume temporel, afin de reporter notre amour vers notre mère, la Jérusalem libre, qui est dans les cieux3. Ce que le Prophète blâme ici, c’est donc l’incrédulité des Juifs, parce que mépriser une terre si désirable, c’était manquer de foi à la parole de Dieu, qui veut, par des moyens petits en quelque sorte, nous élever à de grandes choses; dans leur impatience d’être heureux par les jouissances temporelles, qu’ils convoitaient d’une manière charnelle, « ils n’attendirent point », comme il est dit plus haut, « que les desseins de Dieu fussent accomplis sur eux4».