32.
«Ma bouche confessera le Seigneur avec excès1 ». Il y a en latin nimis, expression que l’on emploie d’après le génie de cette langue, pour désigner un excédant; elle est contraire à peu, parum, qui signifie moins qu’il ne faut. Mais en grec, nimis, se dit agan: or, ce n’est pas agan que l’on lit dans ce verset, mais sphodra. Nos traducteurs lui ont donné un sens qu’ils expriment tantôt par nimis, tantôt par valde, extrêmement. Mais si nimis peut avoir le sens de valde, on peut mettre nimis à propos de la louange, car cette confession du Psalmiste est une louange véritable. Le Psalmiste en effet continue ainsi : « Ma bouche le bénira au milieu d’hommes nombreux ». Dans un autre psaume, il est dit : « Je vous chanterai au milieu de l’Eglise2 ». Mais quand c’est l’Eglise qui chante, elle qui est le corps du Christ, comment l’Eglise peut-elle chanter au milieu de l’Eglise? De même, quant à ces hommes nombreux de notre psaume, dès lors qu’ils sont les membres du Christ, si le Christ bénit le Seigneur quand ils le bénissent, comment dire qu’il le bénit au milieu d’hommes nombreux, puisque c’est lui qui bénit Dieu, quand ils bénissent Dieu? Ou bien bénit-il Dieu au milieu de beaucoup, parce qu’il est avec son Eglise jusqu’à la consommation des siècles3 ; en ce sens que: « Au milieu de beaucoup », s’entendrait des honneurs qu’il reçoit de la multitude? Car on assigne la place du milieu à celui qui reçoit les principaux honneurs. Et si le coeur est comme le milieu de l’homme, on ne saurait donner à ces paroles un sens plus plausible que celui-ci: Je le bénirai dans les coeurs de la multitude, car le Christ habite par la foi dans nos coeurs4. Le Prophète a dit: « Ma bouche », c’est-à-dire la bouche de mon corps, qui est I’Eglise. C’est le coeur, en effet, qui croit pour être justifié, c’est la bouche qui confesse pour obtenir le salut5.