2.
Lorsqu’on promet donc le royaume des cieux aux pécheurs, ce n’est point à ceux qui demeurent dans le péché, mais à ceux qui sont délivrés du péché, pour servir dans la justice; et, pour cela, il leur faut, avons-nous dit, le secours de la grâce c’est celui qui est toujours juste qui les justifie. Il semblait néanmoins incroyable que Dieu eût tant de bonté pour les hommes, et aujourd’hui, ceux qui désespèrent de la grâce divine, ceux qui ne veulent point quitter leur vie dépravée et se tourner vers Dieu, et recevoir de lui la justification, afin que, leurs péchés une fois couverts du pardon, ils puissent commencer une vie juste en Celui qui n’a jamais vécu dans l’injustice; ceux-là, dis-je, s’entretiennent dans la corruption par cette funeste pensée qui leur fait dire que Dieu n’a aucun souci des choses humaines, et que Celui qui a créé le monde, qui le dirige, ne peut considérer quelle est ici-bas la vie d’un mortel. Ainsi l’homme fait par Dieu, s’imagine qu’il échappe à l’oeil de Dieu. S’il nous était permis de nous adresser à cet. homme; si notre parole pouvait atteindre son oreille d’abord et ensuite son coeur; si son obstination ne décourageait point celui qui le cherche, tout perdu qu’il est; s’il se laissait retrouver, nous pourrions lui dire : O homme, comment Dieu te négligerait-il, maintenant que tu es créé, lui qui a pris soin de te créer? Pourquoi t’imaginer que tu n’es point au rang des créatures? Loin de toi toute séduction t Tes cheveux sont comptés par le Créateur1. Telle est, en effet, la parole que Jésus donnait à ses Apôtres, dans l’Evangile, les rassurant contre la crainte de la mort, et leur ôtant la pensée que rien d’eux pût périr par la mort. Ils redoutaient la mort pour leur âme, et il les rassure à propos du moindre de leurs cheveux. L’âme, en effet, peut-elle périr, quand un cheveu ne périt point? Toutefois, mes frères, comme il paraissait incroyable que Dieu pût accomplir ce qu’il promettait aux hommes, de les tirer de cette mortalité, de cette abjecte corruption, de cette faiblesse, de la cendre et de la poussière, pour les égaler aux anges de Dieu, non-seulement le Seigneur leur a donné en garantie les saintes Ecritures, mais il leur a donné, pour médiateur de sa promesse, non plus un prince quelconque, non plus un ange, ou un archange, mais son Fils unique, afin de nous montrer et de nous donner, en la personne de ce même Fils, cette voie par laquelle il doit nous conduire à la fin qu’il nous promet. C’était peu, en effet, pour Dieu, de nous donner son Fils pour guide ; il en a fait la voie elle-même, afin que nous puissions aller à Celui qui nous conduit, et marcher en lui.
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Matth. X, 30. ↩