3.
C’est pourquoi « sa postérité sera puissante sur la terre1 ». Cette race ou semence, qui nous prépare une moisson pour l’avenir, consiste dans les oeuvres de miséricorde, selon l’Apôtre, qui nous dit: « Ne nous lassons pas de faire le bien, puisque nous moissonnerons dans la saison2» ; et encore: « Je vous le dis, quiconque sème peu, moissonnera peu3 ». Quelle plus grande puissance, mes frères, que celle d’acheter le royaume des cieux, non-seulement avec la moitié de nos biens, comme Zachée4 mais encore avec les deux deniers de la veuve5, et d’y posséder tous un héritage égal? Quelle plus grande puissance que d’acquérir un royaume, et le riche par ses trésors, et le pauvre par un verre d’eau froide? Or, plusieurs font ces oeuvres, pour acquérir les biens de la terre, ou dans l’espérance d’une récompense de ha part du Seigneur, ou dans le désir de plaire aux hommes; mais le Prophète ajoute que « la race des justes sera bénie », c’est-à-dire leurs oeuvres; car « le Seigneur est bon pour ceux « qui ont le coeur droit », et la droiture du coeur consiste à ne point résister au Père qui nous châtie, et à croire à ses promesses: et nulle bénédiction pour la race de ceux dont les pieds chancellent, dont la démarche est mal assurée et finit par la chute, comme un autre psaume l’a chanté, parce qu’ils ressentent de l’envie contre les pécheurs, en voyant la paix dont ils jouissent, et qu’ils s’imaginent que leurs oeuvres ont péri, dès lors qu’ils n’en reçoivent pas une récompense périssable6. Mais pour cet homme qui craint le Seigneur, et qui en redressant son coeur le façonne pour le royaume de Dieu, il ne cherche point la gloire humaine et ne convoite pas les richesses terrestres, et pourtant: « La gloire et la richesse sont dans sa maison ». Car sa maison, c’est son coeur, et là, fortifié par la faveur de Dieu, il est plus riche par l’espérance de la vie éternelle, qu’il ne le serait, avec les flatteries des hommes, dans des palais de marbre et d’azur, avec la crainte de la mort éternelle. « Car la justice de Dieu demeure cia siècle en siècle7 ». Telle est la vraie gloire, telles sont les véritables richesses. Quant à cet autre, sa pourpre, son fin lin, ses festins splendides8, tout cela s’en va, même quand il en jouit; et quand tout cela sera passé, sa langue desséchée demandera à grands cris qu’une goutte d’eau tombe du doigt de Lazare.