5.
« Pour moi, je me suis endormi, j’ai pris mon sommeil (Ps. III, 6 ) » Il n’est pas inutile de remarquer cette expression , « pour moi », qui montre que c’est par sa volonté qu’il a subi la mort, selon cette parole : « C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin que je la reprenne de nouveau. Nul ne me l’ôte : j’ai le pouvoir de la donner, comme j’ai le pouvoir de la reprendre (Jean, X, 17, 18 ) ». Ce n’est donc pas vous, dit-il, qui m’avez saisi malgré moi, et qui m’avez tué : mais « moi, j’ai dormi, j’ai pris mon sommeil, et je me suis éveillé, parce que le Seigneur me protège ». Mille fois dans l’Ecriture le sommeil se dit pour la mort; ainsi l’Apôtre a dit: « Je ne veux rien vous laisser ignorer, mes frères, au sujet de ceux qui dorment )I Thess. IV, 12 ) ». Ne demandons point pourquoi le Prophète ajoute : « J’ai pris mon sommeil » , après avoir dit: « J’ai dormi». Ces répétitions sont d’usage dans les Ecritures, comme nous en avons montré beaucoup dans le psaume second. Dans d’autres exemplaires, on lit: « J’ai dormi, j’ai goûté un profond sommeil », et autrement encore en d’autres comme ils ont pu comprendre ces mots du grec, ego de ekoimeten kai uposa. Peut-être l’assoupissement désignerait-il le mourant, et le sommeil celui qui est mort, puisque l’on passe de l’assoupissement au sommeil, comme de la somnolence à la veille complète. Gardons-nous de ne voir dans ces répétitions des livres saints que de futiles ornements du discours. « Je me suis assoupi, j’ai dormi profondément», se dit très-bien pour : Je me suis abandonné aux douleurs que la mort a couronnées. « Je me suis éveillé, parce que le Seigneur me soutiendra (Ps. III, 6 ) ». Remarquons ici que dans le même verset, le verbe est au passé, puis au futur. Car « j’ai dormi » est du passé ; et « soutiendra » est au futur; comme si le Christ ne pouvait en effet ressusciter que par le secours du Seigneur. Mais dans les prophéties, le futur se met pour le passé, avec la même signification. Ce qui est annoncé pour l’avenir est au futur selon le temps, mais dans la science du Prophète, c’est un fait accompli. On trouve aussi des expressions au présent, et qui seront expliquées à mesure qu’elles se présenteront.