6.
Que l’esclave acheté à un si grand prix reconnaisse donc sa condition d’esclave, et qu’il dise : « Je suis votre serviteur, ô mon Dieu, et le fils de votre servante1». Il est donc tout à la fois esclave acheté, et fils de la servante. A-t-il été aussi acheté avec sa mère? Ou bien, parce qu’il est né dans la maison de son maître, et dès lors dépouillé à cause du péché de sa fuite, est-il esclave acheté, parce qu’il a été racheté? Il est en effet le fils de la servante, en ce sens que toute créature est soumise au Créateur, et doit au véritable maître un véritable service, qui lui vaut la liberté quand elle le fait pleinement; et voilà que lui vient du Seigneur la grâce de le servir de gré et non par nécessité. Le Prophète est donc fils de cette Jérusalem céleste, qui est notre mère d’en haut, notre mère à tous, et notre mère libre2. Libre du péché, mais esclave quant à la justice; et c’est à ses fils, pèlerins en cette vie, que l’on dit: « Vous êtes appelés à la liberté3». Puis le même Apôtre les réduit ensuite à l’esclavage : « Assujettissez-vous les uns aux autres par la charité4 ». Puis il leur dit encore: « Lorsque vous étiez esclaves du péché, vous vous affranchissiez de la justice; maintenant que vous êtes affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, le fruit que vous en tirez est votre sanctification, et la fin sera la vie éternelle5 ». Qu’il dise donc à Dieu, cet esclave : Il en est beaucoup, Seigneur, qui se disent martyrs, beaucoup qui se disent serviteurs, parce qu’ils en appellent à votre nom, sous le voile de telle hérésie, de telle erreur; mais comme ils sont en dehors de votre Eglise, ils ne sont point les fils de votre servante : « Pour moi, je suis votre serviteur et fils de votre servante ».