2.
Ecoutez donc notre pensée à ce sujet. L’Eglise ignore-t-elle les jugements de Dieu? Elle les connaît parfaitement. Car elle sait à quels hommes le juge des vivants et des morts dira un jour : « Venez, bénis de mon Père, et recevez le royaume »; et à quels autres il dira: « Allez au feu éternel1 ». Elle sait, dis-je, que ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les autres qu’énumère saint Paul, ne posséderont le royaume de Dieu2. Elle sait que la colère et l’indignation, la tribulation et l’angoisse deviendront le partage de tout homme qui fait le mal, du Juif d’abord, du Gentil ensuite; que la gloire, l’honneur, la paix, sont pour tout homme qui fait le bien, pour le Juif d’abord, pour le Gentil ensuite3. Ces jugements de Dieu et d’autres encore évidemment exprimés dans l’Ecriture, l’Eglise les connaît; mais ce ne sont point là tous les jugements de Dieu, puisqu’il en est d’insondables, de profonds comme l’abîme et qui échappent à nos connaissances. Toutefois ne seraient-ils point connus des principaux membres de cet homme qui est avec son chef et Sauveur le Christ tout entier ? Ils seraient alors proclamés impénétrables à l’homme, parce que ses propres forces ne lui permettent pas de les pénétrer. Mais pourquoi tout homme qui aurait reçu les lumières de l’Esprit-Saint ne le pourrait-il point? Ainsi, par exemple, il est dit que « Dieu habite une lumière inaccessible4», et pourtant il nous est dit encore : « Approchez de lui, et vous serez éclairés5», On répond à cette difficulté que Dieu est inaccessible à nos forces, mais que nous approchons de lui par sa grâce. A la vérité, tant que le corps corruptible appesantit l’âme6, nul d’entre les saints ne saurait comprendre tous les jugements de Dieu, puisque nul n’a l’esprit pesant ou la marche boiteuse, sans un jugement de Dieu. Je vous cite ces exemples pour vous donner une idée de l’immensité de ces jugements : toutefois l’Eglise, ce peuple que Dieu s’est acquis, peut dire en toute vérité : « J’ai énoncé de mes lèvres tous les jugements de votre bouche », c’est-à-dire je n’ai tu aucun de ces jugements que vous m’avez fait connaître par vos paroles sacrées, mais je les ai tous énoncés de mes lèvres. Telle est l’interprétation que semble nous indiquer le Prophète, qui ne dit point tous vos jugements, mais « tous les jugements de votre bouche », c’est-à-dire tous ceux que vous m’avez fait connaître : en sorte que par le mot de bouche nous devrions entendre la parole, que Dieu nous a fait entendre dans les nombreuses révélations des saints, et dans les deux Testaments ; or, ces jugements, l’Eglise ne cesse de les proclamer de ses lèvres.