1.
Les versets précédents de ce long psaume contenaient une prière; ceux que nous avons à traiter maintenant sont une narration. L’homme de Dieu implorait en effet le secours de la grâce, quand il disait: « Vivifiez-moi dans votre justice, et que votre miséricorde, ô mon Dieu, descende sur moi » ; ainsi des autres versets qui précèdent ou qui suivent. Maintenant il s’écrie : « Et je marchais dans la voie spacieuse, parce que j’ai cherché vos commandements. J’annonçais vos témoignages en présence des rois, sans en rougir. Je méditais vos préceptes qui font mes délices. Et j’ai levé mes mains vers vos commandements, objet de mon amour, et je m’exerçais dans les oeuvres de votre justice1». Ce langage est d’un homme qui raconte, et non d’un homme qui prie; il a, ce semble, obtenu de Dieu ce qu’il demandait, et reconnaît en louant Dieu ce qu’a fait de lui cette miséricorde, qu’il appelait sur lui-même. Il ne cherche pas à relier ces paroles à ce qui précède, et ne dit pas:
Et n’ôtez point à ma bouche votre parole à jamais, parce que j’ai espéré en vos jugements , et je garderai toujours votre loi dans le siècle , et dans le siècle des siècles, et je marcherai dans la voie spacieuse, parce que j’ai recherché vos commandements. Et je parlerai de vos témoignages en présence des rois, sans en rougir ; et ainsi de suite: alors on eût compris qu’il rattachait ce qui suit à ce qui précède ; mais il dit : « Et je marchais dans la voie spacieuse », phrase inconséquente, puisque la particule copulative : « Et » ne lie absolument rien ; car il ne dit pas : « Et je marcherai », comme il disait: « Et je garderai toujours votre loi ».Ou bien, s’il est dit au mode optatif: Custodiam, « Que je garde votre loi » ; il n’est pas dit : Que je marche dans la voie large, comme si le Prophète eût fait un souhait et une prière. Mais il dit : Ambulabam, « je marchais dans la voie large » ; et si l’on ne voyait ici une conjonction, si la phrase sans se rattacher à ce qui précède eût été absolue : Je marchais dans la voie large; rien d’extraordinaire n’eût forcé le lecteur à voir ou à chercher ici un sens caché. Il nous laisse donc à entendre ce qu’il n’a pas dit, c’est-à-dire qu’il a été exaucé: et il nous montre l’état où nous a mis la grâce de Dieu, comme s’il disait: Quand je faisais cette prière, vous m’avez exaucé : « Et je marchais dans la voie spacieuse», et le reste que nous lisons ensuite.
-
Ps. CXVIII, 40-48. ↩