1.
Les versets de notre psaume, que nous voulons exposer avec le secours de Dieu, commencent par celui-ci : « Seigneur, vous avez signalé votre bonté envers votre serviteur, selon votre parole, ou plutôt selon votre promesse1 ». Mais l’expression grecque Chrestoteta, est tantôt traduite par « douceur », tantôt par « bonté ». Toutefois, comme il peut se trouver une douceur dans le mal, quand on met son plaisir dans ce qui est illicite et honteux; comme il peut s’en trouver dans les plaisirs charnels dont l’usage est permis, nous devons donner à cette «douceur», appelée par les grecs Chrestoteta, le sens d’une faveur spirituelle. C’est pour cela que nos interprètes ont traduit « bonté», et dès lors : « Vous avez fait un acte de douceur envers votre serviteur », n’aurait d’autre sens, à mon avis, que celui-ci: Vous m’avez fait aimer le bien. Car c’est une grande faveur de Dieu que ce plaisir qu’on trouve dans le bien. Mais qu’une bonne oeuvre commandée par la loi ne soit faite que par la crainte du châtiment, et non par l’amour de la justice, parce que l’on craint Dieu, et non parce qu’on l’aime, c’est une oeuvre servile et non une oeuvre libre. « Or, l’esclave ne demeure pas éternellement dans la maison, mais le fils y demeure éternellement2 », car la charité parfaite chasse la crainte3. « Vous avez donc fait, ô mon Dieu, un acte de douceur envers votre serviteur », en faisant un fils de celui qui était esclave : « Selon votre parole », c’est-à-dire selon votre promesse , afin que pour tout enfant d’Abraham4 votre promesse soit affermie par la foi.