1.
Quand Dieu forma l’homme de poussière et l’anima de son souffle, il n’est point marqué qu’il le forma de ses mains.1 Je ne vois donc point pourquoi quelques-uns ont cru que Dieu, ayant fait tout le reste de sa parole, fit de ses mains l’homme qui serait alors supérieur; à moins peut-être qu’en lisant que Dieu forma de poussière le corps humain, on ne s’imagine que cela n’est possible que par les mains. Mais c’est là oublier que cette parole de l’Evangile, à propos du Verbe de Dieu, que « tout a été fait par lui2», n’est plus vraie, si le corps de l’homme n’a été aussi formé par le Verbe. Mais on s’appuie sur les paroles de notre psaume, et on nous dit : Voici l’homme qui s’écrie avec la dernière évidence : « Vos mains m’ont fait et m’ont donné la forme3 ». Comme s’il n’était pas dit clairement encore : « Je verrai les cieux qui sont l’ouvrage de vos mains4» ; et non moins clairement : « Et l’ouvrage de vos mains, c’est le ciel5» ; et beaucoup plus clairement : « Et ses mains ont formé la terre6 ». La main de Dieu, c’est donc la puissance de Dieu. Que si le nombre pluriel étonne, s’il n’est pas dit votre main, mais vos mains, qu’on entende par les mains de Dieu, la puissance et la sagesse de Dieu, que saint Paul a dit être Jésus-Christ seul7, lui qui est encore le bras de Dieu dans ce passage de l’Ecriture : « Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été montré8? » Ou bien, qu’ils entendent par les mains de Dieu le Fils et le Saint-Esprit, puisque le Saint-Esprit agit conjointement avec le Père et le Fils. De là cette parole de l’Apôtre : « C’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses9». Il dit formellement que c’est un seul et un même Esprit, de peur qu’on n’imagine autant d’esprits que d’ouvrages, et non que le Saint-Esprit agit conjointement avec le Père et le Fils. Nous pouvons donc entendre comme il nous plaira ces mains de Dieu, pourvu qu’on ne refuse point au Verbe ce qu’il fait de ses mains; ou à ses mains ce qu’il fait par son Verbe; pourvu que ces mains ne fassent point croire à une forme corporelle, ou même à une droite et à une gauche; ni que le Verbe ne fasse croire à un son, ou même à un mouvement transitoire. dans les oeuvres de Dieu.