1.
Nous vous l’avons dit souvent, mes frères, par cette voie large, dans laquelle on accomplit sans difficulté la loi de Dieu, il faut entendre la charité. Aussi, dans notre long psaume, après avoir dit: « Votre loi est d’une merveilleuse largeur », le Prophète nous donne-t-il ensuite raison de cette largeur : « Combien, Seigneur, j’ai aimé voire lois1! »
L’amour est donc l’étendue de la loi. Comment en effet pourrions-nous aimer le Dieu qui ordonne, sans aimer le commandement qu’il fait? Or, telle est la loi. «Tout le jour», dit le Prophète, « elle est ma méditation ». Voilà que je l’aime au point de la méditer tout le jour. Le latin dit tota die, le grec totam diem, olen ten emeran, ce qui marque une méditation continuelle ; or, qui dit tout le temps, dit toujours. Cette charité détruit la concupiscence qui nous détourne souvent d’obéir à la loi, à cause des révoltes de la chair contre l’esprit ; mais l’esprit à son tour se révoltant contre la chair2, doit aimer la loi de Dieu au point de la méditer tout le jour. Or, saint Paul dit: « Où est donc votre glorification? Elle est anéantie. Et par quelle loi? Par la loi des oeuvres? Non, mais par la loi de la foi3 ». Telle est la foi qui agit par la charité, parce qu’en cherchant, en demandant, en frappant, elle obtient l’Esprit-Saint4 par lequel la charité est répandue dans nos coeurs5. Tous ceux qui sont conduits par cet Esprit, sont fils de Dieu6, admis pour se reposer avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux7, d’où sera banni l’esclave qui ne demeure pas éternellement dans la maison8; c’est-à-dire cet Israël9, selon la chair à qui il est dit: « Vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que tous les Prophètes dans le royaume de Dieu, et vous en serez chassés. Ils viendront de l’Orient et de l’Occident, de l’Aquilon et du Midi, pour se reposer dans le royaume de Dieu. Et voilà derniers ceux qui « étaient premiers, et premiers ceux qui étaient derniers10». Quant aux Gentils, ainsi que l’a dit le Vase d’élection, « ceux qui ne cherchaient point la justice ont embrassé la justice, c’est-à-dire la justice qui vient de la foi ; tandis qu’Israël qui recherchait la loi de la justice, n’est point parvenu à la loi de la justice. Pourquoi? Parce qu’ils ne l’ont point recherchée par la foi, mais par les oeuvres, et qu’ils ont heurté contre la pierre du scandale11 ». Et de la sorte ils sont devenus les ennemis de Celui qui parle dans notre psaume.