3.
Mais que signifie le verset suivant : « Méchants, retirez-vous de moi, et j’approfondirai les commandements de Dieu1? » Il ne dit point: j’accomplirai; mais, j’approfondirai. C’est donc pour les connaître plus parfaitement qu’il veut éloigner de lui les méchants, et même qu’il les force à se retirer de lui. Car les méchants, qui nous servent à la vérité àsuivre les préceptes de Dieu, nous empêchent de les étudier, non-seulement quand ils nous persécutent, ou qu’ils prétendent nous quereller, mais aussi lorsqu’ils sont d’accord avec nous et nous témoignent de l’esti me, ils nous pressent de leur donner notre temps, de les aider dans leurs affaires temporelles, dans leurs convoitises vicieuses; ou bien ils oppriment les faibles, qu’ils forcent de porter leurs plaintes vers nous, alors que nous n’osons leur dire : « O homme, qui m’a établi entre vous juge ou arbitre2? » L’Apôtre lui-même a établi des ecclésiastiques pour connaître de ces causes, et défendu aux chrétiens de plaider au forum3. A ceux qui, sans ravir le bien d’autrui, revendiquent le leur avec trop d’âpreté, nous ne disons pas même: Gardez-vous de toute convoitise, en leur remettant devant les yeux cet homme à qui l’on dit dans l’Evangile : « O insensé, cette nuit ton âme te sera ôtée, et à qui seront ces biens que tu as amassés4? » Car lorsque nous leur tenons ce langage, ils ne nous quittent point, ils ne s’éloignent point; mais ils persistent, ils pressent, supplient avec bruit, et nous forcent à nous appliquer à ce qu’ils désirent plutôt qu’à étudier les commandements de Dieu que nous aimons. Quel profond ennui des embarras de ce monde, et quel désir des saintes paroles a fait dire : « Méchants, éloignez-vous de moi, et je sonderai les préceptes de mon Dieu ? » Qu’ils me pardonnent, ces fidèles si pleins de déférence, qui nous requièrent si rarement pour leurs affaires temporelles, qui acceptent nos jugements avec une si grande docilité, qui nous consolent par leur obéissance, loin de nous fatiguer de leurs procès. Mais pour ces opiniâtres, qui ont des querelles sans fin, qui oppriment les bons en se riant de nos sentences, qui nous font perdre uni temps que nous devrions donner aux choses divines; pour ceux-là, dis-je, qu’il nous soit permis de nous écrier ici avec le corps du Christ : « Retirez-vous, ô méchants, et j’approfondirai les préceptes de mon Dieu ».