5.
Si donc, comme il est très-possible, dans ces pécheurs de la terre on entend aussi les enfants, à cause des liens du péché originel, qui les atteint comme la transgression d’Adam1, nous pouvons dire qu’ils ont part aussi à cette prévarication, qui fut commise contre la loi donnée dans le paradis2; et dès lors, sans aucune exception tous les pécheurs de la terre peuvent être envisagés comme des prévaricateurs. « Car tous ont péché, tous ont besoin de la gloire de Dieu3 ». La grâce de Jésus-Christ n’a donc trouvé sur la terre que des prévaricateurs, les uns plus, les autres moins. Plus en effet est grande la connaissance de la loi, moins la faute est excusable ; et moins le péché est excusable, plus la prévarication est manifeste. Nous n’avions donc nulle ressource que dans la justice, non de chacun de nous, mais dans la justice de Dieu, et cette justice nous est donnée. De là ce mot de l’Apôtre: « C’est par la loi que l’on connaît le péché »; non point qu’on l’efface, mais qu’on le connaît. « Au lieu que maintenant», nous dit-il, « la justice de Dieu nous est donnée sans la loi, affirmée par la loi et par les Prophètes4 ». C’est pourquoi l’interlocuteur ajoute : « Et dès lors j’ai aimé vos témoignages». Comme s’il disait : Puisque la loi, soit intimée dans le paradis, soit gravée naturellement dans le coeur, soit promulguée dans les saintes Ecritures, a rendu prévaricateurs tous les pécheurs de la terre : « c’est pour cela que j’ai aimé vos témoignages», qui sont dans votre loi et qui concernent votre grâce; en sorte que ce n’est point ma justice, mais la vôtre qui est en moi. Car la loi est utile en ce qu’elle nous envoie à la grâce. Non-seulement par le témoignage qu’elle rend à la manifestation future de la justice de Dieu qui est au-dessus de la loi, mais par cela même qu’elle tait des prévaricateurs, et que la lettre tue, elle nous frappe de crainte et nous force à recourir à l’esprit qui vivifie5, seul capable d’effacer nos fautes, de nous inspirer l’amour du bien: « C’est pour cela », dit le Prophète, « que j’ai aimé vos témoignages ». Dans certains exemplaires, on lit semper, «toujours o; d’autres ne l’ont pas. Mais s’il faut mettre « toujours », on doit l’entendre tant que l’on vit ici-bas. C’est ici-bas en effet que nous avons besoin que les témoignages de la loi et des Prophètes nous viennent garantir cette justice de Dieu qui nous justifie gratuitement; c’est ici-bas encore que nous avons besoin de ces témoignages, pour lesquels les martyrs ont donné avec joie la vie de ce monde.