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Or, les superbes peuvent jeter le mépris sur l’humilité chrétienne par bien des calomnies ; mais la plus grande est d’entendre ces hommes superbes nous accuser d’adorer un mort. Car c’est la mort du Christ qui nous prêche, qui relève à nos yeux l’humilité d’une manière divine. Or, cette calomnie nous vient des deux peuples infidèles, des Juifs et des Gentils. Les hérétiques ont aussi leurs calomnies propres à chacune des sectes: ils ont les leurs, tous ces schismatiques séparés par leur orgueil de l’unité des membres du Christ. Or, quelle effrayante calomnie ne lança point le diable lui-même contre le juste, quand il s’écria : « Est-ce donc gratuitement que Job sert le Seigneur1 ». Mais un regard plein de vigilance et de piété sur Jésus crucifié, dissipe ces calomnies des superbes comme la bave empoisonnée des serpents. C’était lui que voulait figurer Moïse quand, sur l’ordre de Dieu, il planta dans le désert la figure d’un serpent au haut d’un arbre2, afin de nous montrer que la ressemblance de la chair du péché, qui était dans le Christ, serait attachée à la croix. C’est en fixant nos regards sur cette croix salutaire que nous chassons tout le venin de nos calomniateurs ; c’est elle que le Prophète fixait en quelque sorte avec une profonde attention, quand il disait : « Mes yeux s’affaiblissent dans l’attente de votre salut et des paroles de votre justice3 ». Car Dieu a revêtu son Christ d’une chair semblable à notre chair de péché4, et l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous fussions la justice de Dieu5». Le Prophète nous dit donc que ses yeux se sont affaiblis à attendre cette parole de la justice divine, lorsque sentant jusqu’où va la faiblesse humaine, il a une soif ardente de cette divine grâce qu’il considère dans le Christ.