10.
Après avoir dit: « C’est là que s’assiéront les sièges pour le jugement, les siéges sur la maison de David », c’est-à-dire sur la famille du Christ, qu’ils ont soutenue par l’alimentation ici-bas, aussitôt le Prophète s’écrie, comme en s’adressant à ces siéges mêmes : « Interrogez ce qui regarde la paix de Jérusalem1 ». O vous, sièges qui êtes assis pour juger, qui êtes les trônes du souverain juge, comme ceux qui jugent interrogent, et ceux que l’on j tige sont Interrogés; eh bien ! « interrogez ce qui regarde la paix de Jérusalem ». Que trouveront-ils en interrogeant? Que les uns ont fait miséricorde, et que les autres ne l’ont point faite. Et ceux qu’ils trouveront avoir fait miséricorde, ils les appelleront à Jérusalem, car voilà ce qui produit la paix, dans la Jérusalem du ciel. L’amour est puissant, mes frères, oui, l’amour est puissant. Voulez-vous voir combien est grande la puissance de l’amour? Quand un homme enchaîné par la nécessité ne saurait accomplir ce que Dieu lui commande, qu’il aime celui qui l’accomplit, et dès lors il l’accomplit dans cet autre. Ecoutez, mes frères; voilà un homme qui a une femme, et qu’il ne saurait quitter, puisqu’il doit obéir à ces injonctions de l’Apôtre: « Que l’homme rende à sa femme ce qu’il lui doit » ; et encore : « Es-tu lié à une femme? ne cherche pas à t’en séparer » . Or, il lui vient en pensée qu’il est plus parfait de vivre comme le dit le même Apôtre: « Je voudrais que vous fussiez tous comme je suis2». Il jette les yeux sur ceux qui ont agi de la sorte; il les aime, et accomplit en eux ce que de lui-même il ne saurait faire, tant la charité a de puissance ! C’est la charité qui est votre force; car, sans la charité, tout ce que nous pouvons avoir ne nous sert de rien. « Quand je parlerais toutes les langues des hommes et des anges », dit l’Apôtre, « si je n’ai point la charité, je suis comme un airain sonnant, une cymbale retentissante ». Il ajoute cette grave parole « Quand je distribuerais aux pauvres toutes mes richesses, que je livrerais mon corps pour être brûlé; si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien3 ». S’il n’a que la charité sans rien pouvoir distribuer aux pauvres, qu’il aime, qu’il donne, ne serait-ce qu’un verre d’eau froide4; il lui sera compté comme cette moitié de ses biens que Zachée donnait aux pauvres5. Pourquoi? L’un donne si peu, l’autre de si grands biens, et tous deux seront également traités ? Oui, également. Les dons sont inégaux, la charité est égale.