8.
« Je ne donnerai point de sommeil à mes yeux». Il en est beaucoup qui dorment sans préparer un lieu au Seigneur. Et voilà que l’Apôtre les réveille : « Levez-vous, ô vous qui dormez, sortez d’entre les morts, et le Christ vous illuminera1 ». Et dans un autre endroit : « Nous qui sommes enfants de la lumière, veillons et soyons sobres : car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit2 ». Il entend par la nuit, l’iniquité dans laquelle s’endorment ceux qui désirent les biens terrestres. Or, toutes ces félicités qui brillent en ce monde ressemblent aux songes d’hommes endormis. Et de même qui voit en songe un trésor, est riche durant son sommeil; mais à peine est-il éveillé qu’il redevient pauvre: de même toute la joie que donnent les biens de ce monde n’est que la joie d’un songe; ces hommes endormis s’éveilleront contre leur gré s’ils ne savent point s’éveiller quand il en est temps, et ils verront que tout cela n’était qu’un songe qui s’est évanoui, selon le mot de l’Ecriture : « Comme le songe d’un homme qui s’éveille3 ». Et ailleurs : « Ces hommes ont dormi leur sommeil, et n’ont o plus rien trouvé dans leurs mains de toutes leurs richesses4. Ils ont dormi leur sommeil», le sommeil est passé, «et ils n’ont plus rien trouvé dans leurs mains », parce que dans leur sommeil ils ne voyaient que des richesses passagères. Ainsi donc doit parler celui qui veut trouver en lui une place pour le Seigneur: « Je ne donnerai aucun sommeil à mes yeux ». Or, il en est qui ne dorment pas, mais qui sommeillent. Ils se désaffectionnent quelque peu des choses temporelles, puis s’en rapprochent bientôt; ils laissent aller leur tête comme dans l’assoupissement. Eveille-toi, dissipe ton sommeil; car ce sommeil amènera ta chute. Le Psalmiste veut refuser le sommeil à ses yeux, l’assoupissement à ses paupières, afin de trouver une place au Seigneur.