8.
C’est dans cette barbe qu’était le bienheureux Etienne. Et n’être pas vaincu, cela consiste à ne pas laisser vaincre notre charité par nos ennemis. Ceux qui ont persécuté les saints ont cru avoir vaincu; les premiers frappaient, les seconds étaient frappés ; les premiers égorgeaient, les seconds étaient égorgés. Qui n’aurait cru que les uns étaient vainqueurs, les autres vaincus? Mais parce que la charité n’a pas été vaincue, voilà que le parfum est descendu sut sa barbe. Ecoutez Etienne. La charité fut violente en lui ; il était violent pour eux quand ils l’écoutaient, et il pria pour eux quand ils le lapidaient. Quel était son langage quand ils l’écoutaient? « Têtes dures, hommes incirconcis du coeur et des oreilles, vous avez toujours résisté à l’Esprit-Saint1 ». Voilà la barbe. Est-il flatteur? Est-il timide ? En entendant ces reproches qui les flétrissaient (car l’emportement d’Etienne n’était que l’emportement des paroles, mais son coeur était plein de charité pour eux, et en lui la charité ne fut pas vaincue) ; ceux-ci donc n’eurent que de la haine contre ses paroles , ils étaient ténèbres et fuyaient la lumière, elles voilà qui prennent des pierres pour lapider Etienne. Les paroles d’Etienne les avaient frappés comme des pierres, et leurs pierres frappèrent Etienne Est-ce pendant qu’on le lapidait, ou pendant qu’on l’écoutait que notre Saint avait plus raison de s’emporter? Toutefois il était doux quand on le lapidait, emporté quand on l’écoulait. Pourquoi ce transport quand on l’écoulait? Parce qu’il voulait changer ses auditeurs. Mais les pierres qui tombaient sur lui ne purent vaincre sa charité : parce que le parfum divin était descendu de la tête sur la barbe, et la tête lui avait dit : « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent2». Il avait ouï de cette tête clouée à la croix cette parole: « Mon Père, pardonnez-leur, parce qu’ils ne savent ce qu’ils font3 ». C’est ainsi que de la tête le parfum était descendu sur la barbe, et quand on lapidait ce fervent disciple, il mit le genou en terre en s’écriant : « Seigneur, ne leur imputez pas ce péché4».