10.
Que dit encore le Prophète? « Comme la rosée d’Hermon qui descend sur les montagnes de Sion[^1] ». Dans ces paroles, mes frères, le Prophète veut nous marquer que la grâce de Dieu est parmi les frères qui demeurent en un : que ce n’est point un effet de leurs forces, ni de leurs mérites, mais que c’est par un don de Dieu, une de ses grâces, comme la rosée qui nous vient du ciel. Car ce n’est point la terre qui peut se la donner, et tout ce qu’elle produit sécherait bientôt, si la pluie ne venait d’en haut. Il est dit quelque part dans un psaume: « Vous ménagez, ô Dieu, une pluie volontaire à votre héritage[^2]». Pourquoi dire volontaire? C’est qu’elle n’est point due à nos mérites, et qu’elle nous vient de sa bienveillance. Quel bien avons-nous pu mériter, nous qui sommes pécheurs? Quel bien avons-nous pu mériter, au milieu de nos iniquités? Adam vient d’Adam, et sur cet Adam beaucoup de péchés. Qu’un homme vienne au monde, c’est Adam qui vient au monde, un damné qui vient d’un damné, et qui surcharge Adam par les péchés de sa vie. Or, quel bien a mérité Adam ? Et toutefois Dieu dans sa miséricorde a aimé, l’Epoux a aimé cette épouse, qui n’était point belle, mais qu’il voulait embellir. C’est donc la grâce de Dieu que le Prophète appelle la rosée d’Hermon,