3.
Mais que vous dirai-je pour vous inviter à louer le Seigneur? « Que le Seigneur est bon ». Un seul mot renferme toute la louange du Seigneur : « Le Seigneur est bon ». Mais bon, non point de cette bonté que l’on retrouve dans ses créatures. Car le Seigneur a fait très-bonnes toutes ses oeuvres1 ; non-seulement bonnes, mais très-bonnes. Le ciel, la terre et tout ce qu’ils renferment, voilà des oeuvres bonnes, et même très-bonnes. Mais si toutes ces oeuvres de Dieu sont bonnes, quelle doit être la bonté de celui qui les a faites? Et toutefois, quelle que soit la bonté des créatures, bien que la bonté du Créateur soit incomparablement plus grande, on ne trouve à dire de lui rien de mieux, sinon que « le Seigneur est bon », pourvu que l’on comprenne que de cette bonté vient tout ce qui est bon. Car c’est lui qui a lait tout ce qui est bon; tandis que sa bonté ne lui vient de personne. Il est bon par sa bonté même, et n’emprunte nullement la bonté d’ailleurs; il est bon par lui-même, et non en demeurant attaché à quelque autre bien. « Pour moi, il m’est bon de m’attacher à Dieu2» qui, pour être bon, n’a pas besoin d’un autre, tandis que toutes les créatures ont besoin de lui pour être bonnes. Voulez-vous entendre comment sa bonté lui est propre? Comme on interrogeait le Seigneur, il répondit:
« Nul n’est bon si ce n’est Dieu seul3 ». Telle est cette bonté particulière à Dieu, sur laquelle je ne veux point passer légèrement, et que je ne puis néanmoins suffisamment vous expliquer. Je crains d’être condamné comme ingrat, si je ne fais que l’effleurer: et je crains aussi de succomber sous le poids des louanges de Dieu, si j’entreprends de l’expliquer. Ecoutez néanmoins, mes frères, et les louanges que je lui donne, et l’aveu de mon insuffisance, de sorte que mes louanges, fussent-elles incomplètes, ma bonne volonté du moins lui soit agréable. Qu’il accepte ma bonne volonté, et pardonne à mon impuissance.