7.
Dans Abraham, Isaac et Jacob, voyez, mes frères, toute l’Eglise, voyez toute la postérité d’Israël, et non-seulement la postérité selon la chair, mais aussi la postérité selon la foi. C’est aux Gentils que s’adressait l’Apôtre quand il disait : « Si donc vous êtes du Christ, vous êtes la postérité d’Abraham, les héritiers selon la promesse1 ». Nous avons donc reçu tous la bénédiction de Dieu en Abraham, en Isaac, et en Jacob. Car Dieu a béni un certain arbre, il en a fait un olivier, comme l’a dit l’Apôtre, cet arbre des saints Patriarches, dont la fleur a été le peuple de Dieu. Or, cet olivier a été taillé et non arraché, les branches orgueilleuses en ont été retranchées ; c’est-à-dire les blasphémateurs, les impies du peuple Juif. Il est resté des branches bonnes et utiles; puisque c’est de là que sont venus les Apôtres; et comme ces branches utiles étaient demeurées, la divine miséricorde y a greffé cet olivier sauvage des Gentils à qui l’Apôtre a dit: « Pour toi qui u n’étais qu’un olivier sauvage, tu as été inséré sur l’olivier franc, et tu as part à la séve de l’olive. Ne t’élève point contre les branches. Si tu te glorifies, ce n’est point toi qui portes la racine, mais la racine qui te porte2 ». Tel est l’arbre unique appartenant à Abraham, à Isaac, à Jacob, et je dirai même que l’olivier sauvage qui a été greffé, tient plus d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, que les branches retranchées. Une fois rompues, ces branches ne sont plus de l’arbre, tandis que l’olivier sauvage, qui n’en était pas, en est maintenant; les unes, par leur orgueil, ont mérité d’être retranchées, tandis que l’autre par son humilité a mérité d’être inséré : les unes sont séparées de la racine, l’autre s’y tient attaché. Dès lors, quand vous entendez nommer l’Israël de Dieu, Israël qui appartient à Dieu, ne vous regardez point comme étrangers. Vous étiez, il est vrai, l’olivier sauvage, maintenant vous êtes l’olivier franc, ayant part à la sève de l’olivier. Voulez-vous voir comment l’olivier sauvage a été inséré en Abraham, en Isaac, et en Jacob, afin de ne point croire que vous n’appartenez point à cet arbre, parce que vous n’êtes point de la postérité d’Abraham selon la chair? Quand le Sauveur admira la foi de ce Centenier, qui n’appartenait point au peuple d’Israël, mais au peuple des Gentils, il s’écria: « C’est pourquoi, je vous le dis, beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident ». Voilà bien le sauvageon dans la main de celui qui va le greffer : « Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident ». Nous voyons ce qu’il va greffer, mais voyons où il va le greffer: « Et ils reposeront», dit-il, « avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux ». Voilà donc ce qu’il doit greffer, et où il doit l’insérer. Que dit-il à propos des branches naturelles? « Quant aux enfants du royaume, ils seront jetés dans les ténèbres extérieures; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents3». Voilà ce qui est prédit, ce qui est accompli.