23.
Après avoir ainsi tout disposé dans un ordre sacré, l’Esprit de Dieu jette aux idoles des nations que méprisent leurs adorateurs, cette suprême ironie : « Les idoles des nations ne sont que de l’or et de l’argent ». Lorsque Dieu fait ainsi sa volonté dans le ciel et sur la terre, quand il a jugé son peuple, et s’est laissé fléchir par les supplications de ses serviteurs, que peut-on dire d’une idole, sinon qu’elle est méprisable et non adorable? Pour nous porter à couvrir d’un souverain mépris toutes ces idoles des nations, peut-être croirons-nous que le Prophète aurait dû dire : Les idoles des nations sont du bois et de la terre, du gypse? Je ne parle point ainsi, nous dit le Prophète, ces matières sont trop viles; mais je désigne ce qui est pour les hommes un objet d’amour, ce qu’ils regardent comme précieux, et je dis: « Les idoles des nations sont de l’or et de l’argent1». C’est bien de l’or, c’est bien de l’argent. Mais parce qu’il y a du brillant dans l’argent, du brillant dans l’or, ont-ils vraiment des yeux pour voir? Comme c’est de l’or, comme c’est de l’argent, cela peut être utile à un avare, mais non à l’homme religieux, ou plutôt cela n’est pas utile même à l’avare, seulement à l’homme qui sait s’en servir, qui sait le donner pour acquérir le trésor du ciel; mais enfin, puisque l’or et l’argent sont inanimés, pourquoi donc, ô hommes, en faire des dieux? Ne voyez-vous pas que ces dieux que vous fabriquez ne voient point? « Ils ont des yeux et ne verront pas; ils ont des oreilles, et n’entendront pas; ils ont des narines, et ne sentiront pas; ils ont une bouche, et ne parleront point; ils ont des mains, et n’en feront rien; ils ont des pieds, et ne marcheront point2 ». Un artisan peut faire tout cela, un argentier, un orfèvre a pu faire des yeux, des oreilles, des narines, une bouche, des mains et des pieds ; mais ce qu’il n’a pu donner, c’est la lumière aux yeux, ni l’ouïe aux oreilles, ni la voix à la bouche, ni l’odorat aux narines, ni la marche aux pieds.