6.
« Aux saules de ses rivages nous suspendîmes nos cithares1 ». Ils ont leurs harpes, les habitants de Jérusalem ; ils ont les saintes Ecritures, les préceptes; les promesses de Dieu, les pensées de l’autre vie ; mais quand ils se trouvent au milieu de Babylone, ils suspendent ces harpes aux saules du rivage. Le saule est un arbre stérile, et dont le nom ici ne signifie rien de bon, bien qu’ailleurs il puisse avoir un autre sens. Mais ici, ne voyons sur les fleuves de Babylone que des arbres stériles. Les fleuves de Babylone les arrosent, et néanmoins ils ne produisent aucun fruit. De même qu’il est des hommes cupides, avares, stériles en bonnes oeuvres, ainsi en est-il des citoyens de Babylone, qui ressemblent aux arbres de ces contrées, s’abreuvent de toutes les voluptés passagères, comme des eaux des fleuves de Babylone. Tu y cherches du fruit sans en trouver jamais. Quand nous rencontrons ces hommes, nous nous trouvons avec ceux qui sont au milieu de Babylone. Il est en effet une différence bien grande entre le milieu de Babylone et l’extérieur. Il en est qui ne sont pas au milieu, qui ne sont point si profondément plongés dans les convoitises et les voluptés mondaines. Mais ceux qui sont complètement adonnés à la malice, pour parler ouvertement, sont au milieu de Babylone, bois stériles, comme les saules de Babylone. Lorsque nous les rencontrons, et que nous les voyons tellement stériles, qu’on trouve à peine en eux rien qui les puisse ramener à la vraie foi, ou aux bonnes oeuvres, ou à l’espérance de la vie éternelle, ou au désir d’être délivrés de cette mortalité qui les tient en servitude, nous savons les Ecritures, nous pourrions leur en parler ; mais ne trouvant en eux aucun fruit, par où nous puissions commencer, nous nous détournons en disant: Ils ne goûtent point encore ces vérités, ils ne les comprennent point. Quoi que nous puissions dire, ils ne l’accueilleront qu’avec défaveur, avec répugnance. Mais nous abstenir des saintes Ecritures, c’est suspendre nos harpes aux saules du rivage, et ces saules ne sont que des arbres stériles saturés de voluptés passagères, comme des fleuves de Babylone.
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Ps. CXXXVI, 2. ↩