7.
« Voilà que vous, Seigneur, connaissez ce qui est récent et ce qui est ancien1 ». Ce qui est récent, ou mon dernier état quand je gardais les pourceaux; ce qui est ancien, ou mon premier état quand je vous ai demandé la part de ma substance. Mon premier état n’était qu’un prélude à mes malheurs plus récents. Notre premier péché, c’est notre chute en Adam, notre dernier châtiment est dans cette vie mortelle pleine de douleurs et de périls. Et puisse-t-il être notre dernier ! Il le sera sans doute si nous voulons revenir à Dieu; car il y aura pour les impies un autre dernier châtiment quand on leur dira: « Aller au feu éternel qui a été préparé au diable et à ses anges2 ». Pour nous, mes frères, qui jusqu’à présent avons abandonné Dieu, qu’il nous suffise d’un labeur qui doit subsister durant cette vie mortelle. Souvenons-nous du pain de notre Père, du bonheur que nous goûtions près de lui : qu’elles n’aient aucun attrait pour nous les gousses des pourceaux, les doctrines des démons. « Voilà, Seigneur, que vous avez connu mon état récent, et mon état ancien » ; l’état récent, l’abîme où je suis tombé; mon état ancien, ou quand je vous ai offensé. « C’est vous qui m’avez formé, et qui avez posé votre mais sur moi » . « Vous m’avez formé » : où? Dans cette mortalité, afin d’y endurer les peiner pour lesquelles nous sommes nés. Nul en effet ne saurait naître, si Dieu ne l’a formé dans le sein de sa mère, et il n’est aucune créature dont Dieu ne soit l’artisan. Mais « vous m’avez formé » dans cette vie de douleurs, « et vous avez posé sur moi votre main » vengeresse, qui abat l’orgueilleux; car Dieu ne terrasse l’orgueilleux que pour son bien, et le relever, s’il devient humble: « Vous m’avez formé, et vous avez posé votre main sur moi ».