13.
« Vous avez étendu votre main plus que mes ennemis furieux, et votre droite m’a sauvé ». Que ces ennemis frémissent de rage, que peuvent-ils contre moi? Me voler, me dépouiller, me proscrire, m’envoyer en exil, me faire passer par les tourments et par la douleur; et enfin, s’il leur est permis, me donner la mort. Peuvent-ils aller plus loin ? Mais vous, Seigneur, « vous avez étendu votre main contre ces ennemis furieux » : cette main, vous l’avez étendue au-delà de tout ce qu’ils peuvent me faire. Ils ne peuvent en effet me séparer de vous; mais votre vengeance va plus loin, puisque vous me tenez encore éloigné: « Vous avez étendu votre main contre mes ennemis furieux». Que mon ennemi s’arme de fureur, il ne me sépare point de mon Dieu. Mais vous, Seigneur,vous tardez encore de m’unir à vous; dans l’exil, vous me châtiez encore, vous me sevrez encore de vos joies et de vos douceurs; vous ne m’enivrez pas encore de l’abondance de votre maison, et ne m’abreuvez pas au torrent de vos délices. « C’est en vous qu’est la source de la vie, et c’est à votre lumière que nous verrons la lumière1». Mais voici que je vous ai consacré les prémices de mon esprit, je crois en vous, et suis soumis par l’esprit à la loi de Dieu2 : cependant nous gémissons encore intérieurement, dans l’attente de l’adoption qui sera la délivrance de notre corps3. A nous pécheurs, Dieu a donné cette vie dans laquelle Adam doit être accablé, travailler à la sueur de son front, tandis que la terre ne produit que des chardons et des épines4. Quel ennemi eût pu nous accabler davantage? « Votre main, ô mon Dieu, s’est donc étendue sur moi, plus encore que la colère de mes ennemis », non toutefois jusqu’à me pousser au désespoir, car nous lisons ensuite : « Et votre droite m’a sauvé ».