16.
« Je ne combats pas », dit saint Paul, « comme si je frappais en l’air; mais je châtie mon corps, et je le réduis en servitude, de peur qu’après avoir prêché aux autres je ne sois réprouvé moi-même1 ». Châtier son corps, est-ce le haïr ? Châtier un serviteur, est-ce haïr ce serviteur? Donner la discipline à un fils, est-ce le haie? Et, pour aller plus loin encore : ta chair est pour toi comme une épouse. Saint Paul dit en effet: « Nul n’a jamais haï sa propre chair ; il la nourrit au contraire, et en prend soin, comme le Christ a soin de son Eglise2 ». La chair est donc pour nous comme une épouse, et nul n’a de haine contre sa propre chair. Toutefois, qu’est-il dit ailleurs? « La chair à des convoitises contraires à l’esprit, et l’esprit des convoitises contraires à la chair ». Ta chair s’élève donc contre toi, comme ferait une épouse; aime-la et corrige-la, jusqu’à ce que la paix se rétablisse entre l’âme et le corps également réformés. Quand ce bonheur arrivera-t-il? Pourquoi t’écrier maintenant : « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort3? » Ton corps sera-t-il donc séparé de toi, afin que tu sois en sécurité?4
Et que signifie : « Nous gémissons en nous-mêmes, attendant l’adoption, qui sera la rédemption de notre corps5?» Il passera donc de la mortalité à l’immortalité, et alors il n’y aura plus de coin bat, la mortalité n’opposant plus de résistance. Dès lors châtie ton corps, réduis en servitude cette chair que ta recevras ensuite; qu’elle soit maintenant en défaillance, afin de subsister alors. Elle ne peut être complètement réparée ici-bas, tant que nous portons un corps mortel. Que son poids ne te courbe point, ne te brise point: porte-la, châtie-la, corrige-la: elle sera rétablie au dernier jour. « Et parce que nul n’a jamais haï sa chair, ta chair ressuscitera. Mais comment? Sera-ce pour lutter encore6? « Il faut » , dit l’Apôtre, « que ce corps corruptible soit revêtu de l’incorruption, et que ce corps mortel soit revêtu d’immortalité7 ».