17.
Quand donc on nous dit: « Il me reprendra, il me corrigera », que ce juste soit ton frère, qu’il soit ton prochain, qu’il soit ton voisin, qu’il soit toi-même, c’est dans la miséricorde qu’il faut te reprendre et te corriger. «Le parfum du pécheur n’oindra pas ma tête ». Que dois-je faire, me diras-tu? Je suis en butte à des flatteurs, qui m’assiégent constamment de leurs caresses, qui louent en moi ce qui me déplaît, qui élèvent en moi ce que je blâme, qui blâment en moi ce qui m’est cher; des adulateurs, des trompeurs, des séducteurs. C’est un grand homme, disent-ils, que Gaïus Seius, par exemple; c’est un grand homme, un savant, un homme sage, mais pourquoi est-il chrétien? Il a de la science, il est lettré, il est sage. S’il est très-sage, approuve-le d’être chrétien. S’il est savant, il a bien choisi. Dans cet homme que tu loues, ce qui est blâmable à tes yeux, c’est ce qui plaît aux siens. Que faire alors? Que ces louanges ne t’amollissent point, c’est le parfum du pécheur. Mais il ne cesse de se répéter. Qu’il n’en oigne tas ta tête, c’est-à-dire que ces louanges ne te causent point de joie, n’y mets aucune complaisance, aucun assentiment, aucun bonheur; ce pécheur apporte le parfum de la flatterie, mais ta tête n’en a pas été touchée, elle résiste à toute élévation, à toute enflure. Qu’il y ait orgueil ou enflure, cela forme un poids, et te renverse. « L’huile du pécheur n’oindra point ma tête».