2.
«De ma voix, j’ai crié vers le Seigneur». Il me suffirait de dire : « J’ai crié de la voix vers le Seigneur », et néanmoins il n’est peut-être pas inutile d’ajouter : ma voix. Plusieurs, en effet, crient vers le Seigneur, non de leur voix, mais de la voix de leur corps. Quant, à l’homme intérieur en qui le Christ a commencé d’habiter par la foi1, il crie vers Dieu, non par le bruit des lèvres, mais par l’élan du coeur. Car l’oreille de Dieu diffère bien de l’oreille de l’homme, qui n’entend qu’à la condition que les poumons, la poitrine et la langue formeront un son; tandis que pour Dieu notre cri c’est notre pensée. « De ma voix j’ai crié vers Dieu, de ma voix j’ai invoqué le Seigneurs2». Le Prophète nous explique le mot crier, en ajoutant : j’ai invoqué. Blasphémer, c’est, en effet, crier aussi vers le Seigneur. Dans la première partie du verset il pousse un cri, et dans la seconde partie il donne l’explication de son cri, comme si on lui demandait quel cri il a poussé vers le Seigneur: « J’ai poussé vers le Seigneur un cri de prière ». Mon cri est une invocation, et non un outrage, ni un murmure, ni un blasphème.