4.
Mais qu’est-ce à dire, fermer la porte? Cette porte a comme deux battants : celui de la convoitise, et celui de la crainte. Ou tu convoites quelque chose de terrestre, et le diable entre par là; ou tu crains quelque chose de terrestre, et il entre encore. Ferme donc au diable cette double porte de la crainte et de la convoitise, et ouvre-la au Christ. Comment ouvrir au Christ ces deux battants? En désirant le royaume des cieux, en craignant le feu de l’enfer. L’amour du monde ouvre l’entrée au diable, et l’amour de la vie éternelle l’ouvre au Christ; la crainte des maux temporels est une porte ouverte au démon, tandis que le Christ entre chez nous par la crainte des maux éternels. Les martyrs ont fermé la porte au diable, en l’ouvrant au Christ. Le monde leur a promis beaucoup, ils ont ri de ses promesses et ont fermé au diable la porte de la convoitise. Voyons s’ils l’ont ouverte au Christ : « Quiconque me confessera devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans le ciel1».Comment les confessera-t-il? « Venez », dira-t-il, « bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde2». Il les confessera en les plaçant à sa droite. Voyons s’ils ont ouvert au Christ la porte de la crainte, qu’ils avaient fermée au diable. Dans le même endroit, le Seigneur nous avertit de la fermer au démon et de la lui ouvrir. « Ne craignez point», dit-il, « ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ». Il nous avertit par là de fermer au démon la porte de la crainte. N’avons-nous donc rien à craindre? et ne faut-il pas ouvrir au Christ cette porte de la crainte fermée au diable?Aussi, comme pour nous dire: fermez au démon, mais ouvrez pour moi, le Sauveur a-t-il ajouté : « Craignez au contraire Celui qui a le pouvoir de jeter l’âme et le corps au feu éternel3». Si donc, sur la foi en ces paroles, tu ouvres la porte au Christ, ferme-la au démon. Le Christ est à l’intérieur, c’est là qu’il habite; répands ta prière devant lui, ne cherche pas à te faire entendre de loin. Car elle n’est pas loin de vous cette sagesse de Dieu, « qui atteint d’une extrémité à l’autre avec force, et dispose de tout avec douceur4 ». C’est donc dans ton âme qu’il te faut répandre ta prière devant Dieu, c’est là que sont ses oreilles. Ce n’est, en effet, « ni de l’Orient, ni de l’Occident, ni des lieux déserts, que le Seigneur vous écoute; car il est juge5 ». Or, s’il est juge, vois dans ton coeur quelle est ta propre cause.