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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CXLI.

18.

D’autres ont soutenu que cette prison, cette caverne , c’est notre corps, et que tel est le sens de «tirez mon âme de la prison ». Mais ce sens n’est point très-solide. Que voudrait dire, en effet: « Tirez mon âme de la prison », ou tirez mon âme de mon corps? Est-ce que les âmes des scélérats ne quittent point le corps pour aller dans des supplices plus cruels qu’ils n’en ont endurés sur la terre ? Quelle est donc l’importance de cette prière: « Délivrez mon âme de la prison », puisque tôt ou tard elle doit en sortir? Serait-ce un juste qui dirait : Que je meure maintenant; délivrez mon âme de cette prison du corps? Trop d’empressement serait un défaut de charité. Il doit sans doute en avoir le désir, il doit y aspirer et dire avec l’Apôtre : « J’ai un ardent désir d’être délivré des liens du corps, et d’être avec Jésus-Christ, ce qui est sans comparaison le meilleur1 ». Mais où serait la charité? Aussi dit-il ensuite: « Mais demeurer dans la chair est pour moi une nécessité à cause de vous2 ». Que le Seigneur dès lors nous délivre du corps quand il lui plaira. On pourrait appeler aussi notre corps une prison, non que Dieu ait fait cette prison, mais parce qu’il est un supplice et qu’il est mortel. Il faut, en effet, considérer dans notre corps, et l’oeuvre de Dieu et la peine du péché. Cette forme, ce port, cette démarche, la disposition des membres, l’action des sens, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher, toute cette construction, cette admirable architecture ne peut être que l’oeuvre de Dieu qui a tout fait et dans le ciel et sur la terre, et ce qu’il y a de plus élevé comme ce qui est plus infime, et ce qui est visible comme ce qui est invisible. Où est donc le châtiment dans notre corps? C’est que la chair est corruptible, qu’elle est fragile, qu’elle est mortelle, qu’elle est dans l’indigence; il n’en sera plus ainsi au moment de la récompense. Nous aurons en effet notre corps, puisque c’est le corps qui ressuscitera. Qu’est-ce donc que nous n’aurons plus? La corruption ; puisque ce corps corruptible sera devenu incorruptible3. Si donc la chair est une prison pour toi, ce n’est point le corps qui est cette prison, mais la corruption du corps. Votre corps a été fait bon par Dieu qui est bon; mais, comme il est juge et juste, il l’a condamné à la corruption. Le corps est donc un bienfait, la corruption un châtiment. Alors « délivrez mon âme de sa prison » pourrait bien signifier: Tirez mon âme de la corruption. Ce sens n’est plus un blasphème, on le comprend.


  1. Philipp. I, 23.  ↩

  2. Id. 24.  ↩

  3. I Cor. XV, 53. ↩

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