4.
Judas, fils de l’Époux, persécutait donc l’Époux. C’est ce q ni est arrivé; mais n’y avait-il point là une figure de l’avenir? L’Église, en effet, devait avoir bien des faux frères,et maintenant encore le fils de l’Epoux persécute l’Epoux, et le persécutera jusqu’à la fin. «Qu’un ennemi m’ait outragé, je l’aurais supporté », dit-il ailleurs, « et si celui qui me hait s’élevait contre moi, je me déroberais à ses poursuites1 ». Quel est l’ennemi? Quel est celui qui me hait? Celui-là même qui dit : Qui est le Christ? Le Christ est un homme qui n’a pu vivre quand il voulait vivre: il est mort malgré lui, disent-ils, mort convaincu, mort sur une croix, mort d’après une sentence. Voilà ce que disent les ennemis. Celui-là, dit le Christ, est un ennemi déclaré, il me hait, il me fait ouvertement la guerre: on peut facilement le, supporter ou l’éviter. Mais que faire avec Absalon? Que faire avec Judas?que faire avec de faux frères? que faire avec de mauvais fils, mais fils néanmoins, qui ne se soulèvent point contre nous pour blasphémer le Christ, mais qui adorent le Christ avec nous, et qui persécutent le Christ en nous? C’est d’eux que le même psaume nous dit ensuite qu’il eût été facile de tolérer un ennemi déclaré, ou de se dérober à ses embûches. C’est, en effet, se dérober au païen que d’entrer dans l’Eglise. Mais quand c’est dans l’Eglise que l’on trouve ce que l’on redoutait ailleurs, où chercher un refuge? Aussi le même Apôtre, qui gémit des périls qu’il trouve chez les faux frères, nous dit-il que ce sont « des combats au dehors, et des craintes à l’intérieur2. Si l’homme qui « me haïssait se fût élevé contre moi, je me serais dérobé à ses poursuites; mais toi qui n’avais avec moi qu’une même âme». Il y a ici unité d’âme, comme unité dans le Christ. L’Eglise a donc à souffrir au dehors et à gémir à l’intérieur; et toutefois, qu’elle croie à des ennemis au dehors et au dedans; ceux du dehors plus faciles à éviter, ceux de l’intérieur plus difficiles à tolérer.