9.
« De leur bouche jaillira le souvenir de vos infinies bontés1 ». Bienheureux festin! Que mangeront-ils pour que leur bouche fasse de telles éruptions? « La mémoire de vos infinies bontés ». Qu’est-ce donc que cette mémoire de vos infinies bontés? C’est que vous ne nous avez point oubliés, Seigneur, alors que nous-mêmes ne pensions plus à vous. Toute chair avait oublié Dieu; mais lui n’avait pas oublié son ouvrage. Tel est ce souvenir de nous, qui l’a empêché de nous oublier, ce souvenir qu’il nous faut redire, qu’il nous faut chanter; et comme il est doux, il faut t’en nourrir, puis en faire éruption. Mange-le au point de le répandre au dehors. Reçois, afin de donner. C’est manger que s’apprendre, c’est faire éruption qu’instruire; c’est manger que d’écouter, c’est répandre que prêcher; et toutefois tu répands ce que tu as mangé. Enfin cet avide mangeur, ce bienheureux Jean, qui ne se contentait point de la table du Seigneur, s’il ne reposait sur la poitrine de son maître2, pour y puiser les secrets divins, que répand-il ensuite? « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu, et le Verbe était en Dieu3 . Ils répandront la mémoire de votre inépuisable bonté ». Comment ne suffit-il pas au Prophète de dire: votre mémoire, ni la mémoire de votre abondance, ni la mémoire de votre bonté; mais il dit: « La mémoire de l’abondance de votre bonté ? » A quoi servirait cette abondance, si elle n’était douceur; et ne serait-il pas fâcheux que cette bonté ne fût pas abondante?