18.
Et quels sont ces justes? jusqu’où va maintenant leur justice? Voilà que le Prophète ajoute: « Le Seigneur garde les prosélytes1 ». Ces prosélytes sont les étrangers or, toute l’Eglise de la Gentilité est prosélyte. Etrangère, elle s’est unie à nos pères, devenant ainsi leur fille, non par la naissance charnelle, mais par l’imitation de leur foi. Toutefois, c’est le Seigneur, et non plus un homme qui la protège. « Il soutiendra la meuve et l’orphelin ». Ne croyons pas qu’il doive soutenir l’orphelin dans son héritage, ou la veuve dans je ne sais quel procès. Sans doute le Seigneur nous soutient dans ces sortes d’affaires ; c’est lui qui fait le bien dans tous les services que les hommes se rendent mutuellement; lui qui soutient l’orphelin, n’abandonne point la veuve; mais en un sens, nous sommes tous orphelins, parce que notre père, sans être mort, est cependant absent. Sans doute les hommes appellent orphelin celui dont le père est mort, et à vrai dire, nos pères sont vivants, puisque l’âme ne meurt point. Ils vivent dans les supplices s’ils ont été méchants, et dans le repos, s’ils ont fait le bien: rien n’est perdu aux yeux du Créateur. Toutefois, aussi longtemps que nous sommes dans ce corps mortel, et que nous habitons un lieu d’exil, nous sommes loin de notre Père, à qui nous crions: « Notre Père qui êtes aux cieux2». L’Eglise est donc veuve, puisqu’elle n’a point d’époux ici-bas, puisque son époux est absent. Il viendra, cet Epoux invisible qui la protége, cet Epoux désiré. Nous avons pour lui de violents désirs, nous aspirons à lui sans le voir. Un jour nous le verrons, nous jouirons de ses embrassements, sila foi nous tient attachés à lui, maintenant qu’il est invisible. Que veut donc nous montrer le Prophète dans cet orphelin et cette veuve, sinon ceux que l’on abandonne sans secours? Que l’âme délaissée ici-bas se promette le secours du Seigneur. Quelles que soient tes richesses, ton or, y mets-tu ta confiance? Tu n’es plus un prosélyte, un orplielin, tu n’es point compté avec les veuves, tu as un ami ; si tu t’appuies sur lui, délaissant le Seigneur, tu n’es pas sans secours. As-tu tous ces biens, sans t’en prévaloir, sans y mettre ta confiance? Tu as pour Dieu un orphelin, pour Dieu une veuve. Il soutient donc ceux que l’on abandonne, c’est là ce que dit le Prophète: « il soutient la veuve, il soutient l’orphelin ».