16.
« Et il élèvera la force de son peuple». Voilà ce que prédisaient Aggée et Zacharie. Cette force de son peuple est maintenant abaissée par les persécutions, par les épreuves, par la componction des coeurs ; mais quand élèvera-t-il la force de son peuple? Quand viendra le Seigneur lui-même, quand se lèvera le soleil de justice ; non point ce soleil qui apparaît à nos yeux, qui se lève sur les bons et sur les méchants1; mais ce soleil dont il est dit : « Pour vous qui craignez Dieu, se lèvera le soleil de justice, et le salut sera sous ses ailes2». C’est de lui que les orgueilleux et les impies diront un jour: « La lumière de la justice n’a point lui pour nous, et le soleil ne s’est point levé à nos yeux3 ». Cette lumière sera l’été pour nous, Maintenant, pendant l’hiver, les fruits n’apparaissent point dans la racine, l’hiver nous fait paraître les arbres comme stériles. Quiconque ne sait pas voir les choses pourrait croire que la vigne est morte ; qu’un cep soit réellement desséché, il ressemble en hiver absolument à son voisin ; et pourtant l’un est mort, l’autre en vie ; mais la vie de l’un comme la mort de l’autre demeurent cachées. Or, voici l’été, qui fait ressortir dans l’un, une vie luxuriante, et dans l’autre une mort indubitable: l’un se couvre fièrement de feuilles et de fruits abondants, il se pare au dehors de ce qui était caché dans sa racine. Nous ressemblons donc, mes frères, au reste des hommes qui naissent, qui mangent, qui boivent, qui se couvrent de vêtements, qui passent ainsi cette vie ; il en est de même des saints. Voilà ce qui jette souvent dans l’erreur des hommes qui disent: Depuis qu’il s’est fait chrétien, est-il délivré de sa migraine? Ou bien, quel avantage a-t-il sur moi depuis qu’il est chrétien? O vigne desséchée! tu ne vois qu’avec dédain cette autre vigne que l’hiver a dépouillée, mais non desséchée. L’été viendra, le Seigneur viendra, lui qui est notre gloire et qui était caché dans la racine; et alors «il élèvera la puissance de son peuple » après cette captivité, dans laquelle nous vivons pour mourir. De là cette parole de l’Apôtre : « Ne jugez point avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui éclairera ce qui est caché dans les ténèbres ; et alors chacun recevra de Dieu sa louange4». Mais, diras-tu, où donc est ma racine?où est mon fruit? Si tu as la foi, tu sais où est la racine ; car elle est où est ta foi, où est ton espérance, où est ta charité. Ecoute l’Apôtre : « Vous êtes morts5 », disait-il à ceux qui paraissaient morts pendant l’hiver ; apprends néanmoins qu’ils vivent: « Et votre vie est cachée en Dieu avec le Christ ». C’est là que j’ai ma racine. Quand donc seras-tu paré de tes ornements, enrichi de tes fruits? Ecoute saint Paul qui le dit dans la suite: « Quand apparaîtra le Christ qui est votre vie, alors vous apparaîtrez avec lui dans la gloire6; et il élèvera la puissance de son peuple ».