6.
« Qu’on me livre un assaut, c’est en elle que je veux espérer». Qui, elle? « J’en ai demandé une au Seigneur 1 ». Il met au féminin le bienfait qu’il a sollicité, comme s’il disait: J’ai fait une seule demande. Dans la conversation, par exemple, nous autres latins mettons souvent deux au- féminin et non au masculin ; l’Ecriture a dit de la même manière: « J’en ai demandé une au Seigneur, je la réclamerai». Voyons ce qu’a demandé celui qui n’a plus aucune crainte. Quelle sécurité d’âme! Voulez-vous ne rien craindre aussi? Demandez cette seule grâce que demande uniquement celui qui ne craint rien mais qu’a-t-il demandé , afin de ne rien craindre? « J’ai fait une demande au Seigneur, et j’y reviendrai». Telle est l’occupation de ceux qui marchent dans la voie droite. Quelle est donc cette demande, cette grâce unique? « C’est d’habiter dans le palais du Seigneur tous les jours de ma vie». Elle est unique, parce qu’on appelle palais la demeure où nous devons être éternellement. On appelle maisons les demeures d’ici-bas, que l’on appellerait mieux des tentes, puisque les tentes sont pour les voyageurs, qui sont une certaine milice et qui livrent des assauts à l’ennemi. Donc, s’il y a des tentes, il est visible qu’il y a des ennemis. Car habiter les mêmes tentes, c’est être compagnon sous la tente, ce qui se dit des soldats, vous le savez. Donc ici-bas est la tente, là-haut est le palais. Mais on abuse de la ressemblance pour appeler tente ce qui est maison, et souvent encore, le même abus fait appeler maison ce qui est une tente. Toutefois, le ciel est à proprement parler le palais, ici-bas nous sommes sous des tentes.
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Ps. XXVI,4. ↩