2.
« Psaume de David, pour le souvenir du sabbat1 ». Tel est le titre du psaume. Nous touchons ce que l’Ecriture nous raconte à propos du saint prophète David, qui fut, selon la chair, un des ancêtres de Notre-Seigneur Jésus-Christ2; et , dans toutes les bonnes oeuvres qu’elle nous a fait connaître, nous ne trouvons rien qui regarde le souvenir du sabbat. Qu’étant-il besoin qu’il se souvint du sabbat que les Juifs observaient avec soin; quelle mémoire fallait-il pour un jour qui revenait chaque semaine? Il fallait l’observer, mais il n’était pas nécessaire de s’en souvenir. On ne se souvient, en effet, que d’une chose qui n’est plus devant soi; ici, par exemple, vous vous souvenez de Carthage où vous êtes allés quelquefois; et aujourd’hui, vous vous souvenez d’hier, de l’an passé, de toute autre année antérieure, de quelque action que vous avez déjà faite, des lieux que vous avez visités, de quelque scène que vous avez vue. Que signifie, mes frères, ce souvenir du sabbat? Quelle âme s’en souvient de la sorte? Qu’est-ce que le sabbat? car David s’en souvient en gémissant. Vous avez entendu la lecture du psaume, et tout à l’heure, quand nous l’expliquerons, vous entendrez quelle douleur il y témoigne, quels gémissements lui échappent, quels pleurs, quelle tristesse profonde. Mais, bienheureux celui qui est triste de cette manière. C’est ainsi que, dans l’Evangile, le Seigneur appelle heureux quelques-uns de ceux qui pleurent3. Comment peut être heureux l’homme qui pleure? Comment heureux, s’il est malheureux? Il serait malheureux, au contraire, s’il ne pleurait point. Tel est donc celui qui se souvient ici du sabbat, ce je ne sais quel homme qui pleure, et puissions-nous être ce je ne sais qui t C’est une âme qui s’afflige, qui gémit, qui pleure en se souvenant du sabbat. Or, sabbat signifie repos. Assurément, l’interlocuteur était dans je ne sais quelle agitation, puisqu’il gémissait au souvenir du repos.