20.
« Pour moi », dit le Prophète, « je suis comme un sourd qui n’entend rien ». Car il ne répondait pas plus à ce qu’on lui objectait que s’il n’eût point entendu. « Non plus qu’un sourd, je n’entendais pas; et n’ouvrais ma bouche non plus qu’un muet ». Puis il répète sous une autre forme : «Je suis comme un homme qui n’entend point et qui n’a nulle réponse à la bouche1 » ; comme s’il n’avait rien à leur dire, aucune réplique pour les confondre. Mais ne leur avait-il pas fait déjà beaucoup de reproches, tenu bien des discours, et dit : « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites2 », et autres choses semblables? Pourtant, dans la passion, il ne dit rien de tout cela, non qu’il n’eût rien à dire, mais il attendait que tout fût achevé, et que s’accomplît tout ce qui était prédit à son sujet, lui dont il est écrit : « Comme une brebis devant celui qui la tond, il est sans voix et n’ouvre pas la bouche3». Il devait donc se taire dans sa passion, celui qui ne se taira point au jugement. Il était venu pour être jugé, lui qui viendra plus tard pour juger; et pour juger avec une puissance d’autant plus grande qu’il s’est laissé juger avec plus d’humilité.