8.
« Afin que je sache ce qui me fait défaut1 ». Car c’est là ce qui me manque pendant que je travaille ici-bas ; et tant que cela me fera défaut, je ne me dis point parfait et tant que je ne le reçois point, je répète « Non que j’aie atteint déjà ou que je sois parfait, mais je poursuis cette palme du suprême appel de Dieu2 », tel sera le prix de ma course. Cette course doit aboutir à une certaine demeure, et cette demeure sera la patrie qui ne connaît ni l’exil, ni la sédition, ni l’épreuve. Donc, « faites-moi connaître, Seigneur, le nombre de mes jours, qui subsiste, afin que je sache ce qui me fait défaut»; parce que je n’y suis point encore parvenu; afin que je ne m’enorgueillisse point de ce que j’ai déjà, et que je sois trouvé en Dieu ayant une justice, mais non celle qui vient de moi. En comparant ce qui est en moi avec tout ce qui n’y est point de la même manière, en voyant qu’il me manque bien plus que je n’ai, je serai plutôt humilié de ce qui me fait défaut, qu’enorgueilli de ce que je trouverai en moi. Ceux, en effet, qui croient avoir quelque chose, pendant qu’ils sont en cette vie, se privent par cet orgueil de ce qui leur manque: parce qu’ils regardent comme grand ce qui est de la terre. « Si quelqu’un s’imagine être quelque chose, il se trompe lui-même, puisqu’il n’est rien3 ». Ils ne se grandissent pas pour cela. L’enflure, l’orgueil imite la grandeur, mais il n’a rien de solide.